Chance : l’ascenseur marche dans ce bâtiment des Tours de Magenta. Au cinquième étage, quatre portes sans nom s’alignent sur un petit palier. L’odeur d’urine du hall s’est dissipée. Même fermée à clef, il y a un espace conséquent entre la porte de l’appartement d’Yvette Bouquet et le chambranle.
Les toiles sont couchées dans le couloir, juste derrière la porte d'entrée. Il y en a de toutes les tailles. Elle raconte qu’elle a ramené cette série de la galerie il y a quelques semaines, en vue de futures expositions.
L'artiste a débuté la peinture à l’âge de 7 ans, et a perfectionné son geste jusqu’à commercialiser ses toiles. Des peintures à l’acrylique marquées par un style particulier, propres à ses origines mélanésiennes et samoanes.
L'inspiration de la série de peinture, Yvette Bouquet - Julie Straboni
Série sur la vie traditionnelle en tribu
Assise sur un des canapés du salon, la sexagénaire décrit une des disparues. "C'est une femme assise avec une robe popinée de couleur rouge, la fleur à l'oreille et avec un panier tressé en feuilles de cocotier". Ces œuvres datent d’il y a une bonne dizaine d’années. Elle habitait déjà là, dans le quartier des Tours de Magenta, où elle est "depuis douze ou treize ans".
Elle peint ici au cinquième étage, c’est ventilé, les fenêtres grandes ouvertes sur un bout de ciel. Ça se passe dans la cuisine ou le salon, cela dépend de la taille de son inspiration et des châssis qui l’abriteront. "J’ai cherché derrière les grandes toiles et elles n’étaient plus là. Il y a sûrement eu un vol."
Les tableaux volés, Yvette Bouquet - Julie Straboni
Exposées sur les meubles du salon, Yvette a sauvé les dernières représentantes de la série : Maman qui allaite, Maman au champ qui ramène ses tubercules, ou encore Maman à la plage. Ces petits carrés de 50 cm côtoient les robes popinées que l’hyperactive Yvette vient de confectionner. "Je suis vraiment déçue parce que c'est toute ma passion, toute mon âme qui est dessus."
Après son appel sur Facebook, elle laisse quelques semaines au voleur pour lui ramener ses créations. Sinon elle portera plainte.