Un travail de longue haleine. Anthony Tutugoro a consacré sept ans de recherches aux "stratégies de reconquête de souveraineté" déployées par le mouvement indépendantiste en Nouvelle-Calédonie. Le jeune homme de 33 ans, originaire de la côte Est, a présenté le fruit de son labeur. Il a soutenu sa thèse de doctorat ce mardi matin devant une salle comble, celle de l’amphithéâtre Guy-Daniel à Nouville.
Entretiens avec différentes personnalités
Anthony Tutugoro a mené 34 entretiens, avec des responsables d’organisations politiques mais aussi syndicales, ecclésiastiques ou encore de la société civile. Certains étaient présents à la soutenance : Pierre Chanel Tutugoro, secrétaire général de l’Union calédonienne ; Roch Wamytan, président du Congrès ; Var Kaemo, président de l’Eglise protestante de Kanaky-Nouvelle-Calédonie ; ou encore le père Roch Apikaoua, vicaire général pour le diocèse catholique de Nouméa.
Des recherches au fil des rendez-vous politiques
Au-delà de ces entrevues, des observations ont été recueillies lors de meetings et réunions politiques menées pendant les campagnes référendaires de 2018, 2020 et 2021. Mais aussi lors de congrès du FLNKS et de manifestations publiques, entre 2017 et 2023. Une présence sur le terrain afin de mieux comprendre le fonctionnement du mouvement indépendantiste, ses luttes, ses contradictions, ses difficultés.
"Inédit"
Un exercice "inédit", a estimé le président du jury de thèse, par la proximité avec les acteurs et la parole révélée. Tout en gardant une neutralité scientifique nécessaire. Anthony Tutugoro, déclaré admis par le jury, a été présenté comme le premier docteur en sciences politiques calédonien.
Mémoire
Le résultat d'une codirection entre l'UNC et l'Université de la Polynésie française. Le jeune homme a conduit ses travaux tout en étant enseignant vacataire au département droit économie gestion de Calédonie. Avec une "aide exceptionnelle à la recherche" de la province Nord. Alors qu'il effectuait un master en sciences politiques à l'université de Rennes 1, en Bretagne, il a déjà réalisé un mémoire de recherche intitulé "Lutter ou subir. Le rapport à la violence du mouvement indépendantiste (1984-1988).
Le portrait vidéo de Caroline Antic-Martin et Thierry Chapuis :