Un sexagénaire jugé aux assises pour le meurtre de sa femme

Aux assises de Nouvelle-Calédonie, le 7 novembre 2022.
En novembre 2018, une femme était tuée à Nouméa d’un coup de couteau. Son mari est jugé aux assises de la Nouvelle-Calédonie pour homicide volontaire, depuis ce lundi. Il encourt la perpétuité.

MISE A JOUR DE LUNDI APRES_MIDI

Il est accusé d’avoir poignardé sa femme au niveau du cœur avec un couteau de cuisine. L’homme qui comparaît devant la justice depuis ce lundi 7 novembre a 63 ans, il est ouvrier agricole de profession. À la lecture de l’ordonnance de mise en accusation, le 12 novembre 2018, il apparaît que l’accusé est allé chercher sa femme à son travail, et qu’une dispute a éclaté. Elle portait sur sa belle-fille. 

Intention de divorcer ?

Selon lui, depuis que la jeune femme était arrivée du Vietnam, elle ne participait pas aux tâches ménagères. Le couple est rentré chez lui. La victime, âgée de 51 ans, aurait dit à son mari qu’elle souhaitait divorcer… et qu’il n’avait qu’à la tuer. Une phrase que l’accusé semble avoir suivi à la lettre. Détail notable, il aurait lavé le couteau après le drame, et l’aurait remis à sa place. Les enquêteurs ne relèveront pas de psychotropes chez lui. A noter un taux d'alcoolémie de 0,48 mg par litre d'air expiré.

Entre la Calédonie et le Vietnam

Au début du procès, on apprend que, né en Nouvelle-Calédonie, l’homme a fait des allers-retours au Vietnam. Il se sera marié trois fois. Apres un divorce, il retourne au Vietnam pour se remarier, avec une nouvelle concubine. Une femme qui a déjà deux enfants. Au début, l’accusé refuse de faire venir sa belle-fille, puis il accepte. 

Témoignages attendus

Les années passent et d’après le contexte décrit durant l’audience, sa femme travaille de plus en plus. La disparité financière au sein du couple se creuse. L’accusé estime que son épouse se montre de moins en moins attentionnée à son égard. Une description qui devait être approfondie dans la journée avec l’enquête de l’OPJ (l’officier de police judiciaire), le témoignage de sept personnes et la parole de trois médecins.

Le procès est prévu sur deux jours. Accusé d’homicide volontaire sur sa conjointe, le sexagénaire encourt la perpétuité. Me Laure Châtain est partie civile pour la fille et le fils de la victime. Me Olivier Mazzoli est avocat de la défense.

[Mise à jour de 15h40]

Expertises psychiatriques

Lundi après-midi, l’audience a repris avec les expertises psychiatriques et les déclarations du médecin légiste. Selon le Dr Schmitt, l’accusé est décrit comme un homme avec une froideur affective concernant tous les sujets. "Dans notre culture, tout est intérieur, on ne montre pas nos sentiments", dira-t-il en parlant du drame. "Ma femme, c’est elle la fautive. Depuis mon geste, je me sens bien."

Un soulagement du mari, qui souffrait d’une atteinte narcissique, mais un sentiment vite contrebalancé par une prise de conscience. Il décrit ses actes comme "barbares". Un regret autocentré mais sans culpabilité, d'après l’expert. Celui-ci ne voit chez le sexagénaire aucune pathologie ni aucune dangerosité pour la société, aucune aliénation ou altération du discernement. 

Aller jusqu’au bout

Pour le Dr Lehericy, lors de la dispute, l’épouse a mis son conjoint au défi de la tuer. Soit il cédait, soit il allait jusqu’au bout de son geste. Avec un faible taux d’alcoolémie , l’alcool a joué un rôle facilitant. Selon cet expert, l'accusé "n’a aucun trouble psychiatrique, tout est d’ordre psychologique et culturel (…) Il n’exprime aucun regret, à part sa vie en prison (…) Il est donc responsable de ses actes."

C'est ensuite le médecin légiste qui a été entendu à la barre. Il est revenu sur l’autopsie de l'épouse, qui a mis en évidence une lésion de deux centimètres dans l’aire cardiaque. La victime est décédée d’une hémorragie létale. 

Compte-rendu d'audience au soir du premier jour, par Natacha Lassauce-Cognard et Laura Schintu :

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