Une molécule, proche de l'ecstasy, détectée en Calédonie lors de soirées

Cocktails sur un bar lors d'une soirée.
Elle se nomme le 5-APB. Cette drogue, dérivée de l’ecstasy, a été découverte après des analyses toxicologiques réalisées sur trois jeunes femmes en Calédonie. C’est ce que révèle un article, publié en juin, dans une revue internationale de médecine légale. Cinq biologistes et toxicologues, dont un travaillant au Médipôle, en sont à l’origine. Des résultats d’analyses révélés, trois ans après les faits.

Le 5-APB fait partie des nouveaux produits de synthèse. Cette drogue, dérivée de l’ectasy, a été découverte après des analyses toxicologiques, effectuées sur les échantillons d’urine de trois jeunes femmes en Calédonie, à trois occasions différentes, il y a trois ans. Un article, publié dans une revue internationale de médecine légale en juin, s'en est fait l'écho.

Le point commun de ces femmes ? Elles avaient passé une soirée dans une même discothèque de Nouméa et avaient consommé une très faible quantité d’alcool. Leur comportement était ensuite devenu très inquiétant. Yann Barguil, biologiste et toxicologue au Médipôle à l’initiative de cette recherche, y a vu un signal d'alerte. 

"C’étaient des signes très caractéristiques. Cette sensation de mort imminente, cette anxiété généralisée et surtout cette contracture de la mâchoire. Ça m’a fait penser à un dérivé stimulant, un dérivé amphétaminique, donc j’ai mis ça de côté, indique-t-il. Quand j’ai trouvé un laboratoire qui voulait travailler dessus, j’ai envoyé tous les prélèvements que j’avais en collaboration avec le laboratoire de toxicologie de l’Institut médico-légal de Strasbourg. Ils ont mis en évidence le 5-APB dans l’urine de ces femmes."

Une première utilisation à l'insu des personnes

Si cette drogue circule en Métropole, ces recherches confirment qu’elle se trouve désormais en Nouvelle-Calédonie. Un phénomène qui inquiète le biologiste, puisque selon lui, c’est la première fois qu’elle est utilisée à l’insu des personnes.

"Quand on parle de soumission chimique, de drogue du viol ou de drogue du violeur, on pense GHB, mais il n’est que très rarement utilisé. En tous cas en France et en Nouvelle-Calédonie, poursuit-il. Ensuite, il y a les excitants, les stimulants donc le 5-APB. Pour modifier les comportements, ce n’est pas forcément la sédation qui est recherchée, mais aussi l’excitation."

 On a multiplié par quatre les saisies d’ecstasy en six mois seulement

Benoît Godard, directeur général des services douaniers de Nouvelle-Calédonie

Selon le biologiste, ce psycho-stimulant, est uniquement disponible sur Internet hors territoire. Mais comment cette drogue est-elle arrivée jusque chez nous ?

Ecstasy ou encore MDMA… Ces derniers mois, les douaniers calédoniens ont intercepté des quantités importantes de drogues de synthèse. Des stupéfiants qui ont franchi les frontières du Caillou principalement via le fret aérien, en provenance d’Europe, qui n’est autre que le plus gros exportateur mondial de méthamphétamines.

Ecoutez les explications de Benoît Godard, directeur général des services douaniers de Nouvelle-Calédonie au micro de Lizzie Carboni : 

Les précisions de Benoît Godard, directeur général des services douaniers de Nouvelle-Calédonie.