Une tortue "grosse tête" rescapée a regagné le large

C'est sous les yeux des petits comme des grands, que Nike a filé au large de Nouméa.
Le lâcher d'une tortue "grosse tête" s'est déroulé mercredi après-midi, sur une plage de l'îlot Maître. Sauvée par l'équipe de l'aquarium de Lagons, une flèche l'avait blessée en juin. Le responsable du bureau WWF en Nouvelle-Calédonie, Marc Oremus, rappelle les dangers qui menacent ces espèces marines.

Une magnifique tortue "grosse tête" d'une cinquantaine de kilos, encore adolescente, a été retrouvée gravement blessée le 10 juin, en baie de Sainte-Marie. Le personnel de l'aquarium en a pris soin jusqu'à sa remise en forme puis sa remise à l'eau, mercredi 3 août, à l'îlot Maître. 

Baptisée Nike, la tortue, aujourd'hui en danger grave d'extinction, a été baguée pour permettre le suivi de son évolution. 

Toutes les espèces de tortues marines sur la planète sont aujourd’hui considérées comme menacées, à des stades plus ou moins importants. La tortue grosse tête est considérée en danger critique d’extinction dans le Pacifique Sud

Marc Oremus, responsable du bureau WWF en Nouvelle-Calédonie

De multiples dangers 

Cette opération de sauvetage représente une goutte d'eau dans l'océan face à l'impact de l'activité humaine sur les populations de tortues. La disparition des espèces est due bien souvent à des collisions avec les bateaux, des prises accidentelles d'engins de pêche industrielle ou encore la pollution. Mais les conséquences du changement climatique sont aussi étudiées par l'antenne WWF en Calédonie.

Marc Oremus, biologiste marin, était l'invité du JT du jeudi 4 août.

On essaye de mieux comprendre en quoi l’augmentation des températures peut avoir un impact sur la féminisation des populations de tortues. Une conséquence du réchauffement qui entraine une forte production de femelles sur un site comme celui de la Roche Percée à Bourail. On étudie cela aujourd’hui à travers un projet avec l’IRD, sur la zone du Grand lagon Sud, qui est une zone très importante pour la ponte.

Marc Oremus

L'érosion est aussi en lien direct avec le réchauffement et l'augmentation du niveau de la mer. Le phénomène atteint les plages où les tortues se rendent pour faire leur oeuf. 

Victimes de braconnage

Chaque année, l'aquarium des lagons accueille une cinquantaine d'individus qu'il faut soigner. Parmi elles, environ une tortue sur cinq est victime de braconnage. Pourtant, toutes les espèces de tortues sont protégées sur le territoire, qui abrite plusieurs sites de pontes majeurs pour la tortue verte et la tortue "grosse tête".

D’un point de vue de la loi, les tortues sont complètement protégées, par contre on sait malheureusement que ces actes illégaux perdurent et qu’ils sont difficiles à contrôler. Il faut être en mesure de surveiller de manière plus efficace ces risques de braconnage et sensibiliser au maximum la population, la jeunesse notamment, pour que ces pratiques deviennent demain totalement inacceptable.

Marc Oremus

Pour rappel, le numéro d’urgence à contacter en cas de découverte d’une tortue en difficulté ou morte est le 16, celui du MRCC (Centre de coordination de sauvetage maritime de Nouméa).

Un reportage de Laurence Pourteau et Franck Verges.