Usine du Sud : dix heures de table ronde, et un consensus

La table ronde s'est achevée au cœur de la nuit.
La seconde table ronde consacrée au nickel et à la cession de l'usine du Sud s'est terminée vers deux heures du matin, ce vendredi, au haut-commissariat. Après plus de dix heures, la rencontre a abouti à un document commun et des engagements de part et d'autre.
Comme une réunion de la dernière chance, la seconde table ronde organisée sur le nickel et plus particulièrement la cession de l’usine du Sud s’est encore plus étirée dans la nuit que celle de mardi. Il était autour de deux heures du matin quand les participants ont quitté le haussariat les uns après les autres - par l'entrée du haut, pour une partie d'entre eux.

Le reportage de Mathieu Ruiz Barraud :

Table ronde, le compte-rendu


Et le communiqué du relevé de décisions : 

Conséquences d'une fermeture et présentation des projets

«Ce nouvel échange a permis d’explorer plus avant les conséquences économiques, sociales et environnementales d’une éventuelle fermeture du site», est-il écrit dans le relevé de décisions de la table ronde. «Il a également été l’occasion, pour la Sofinor, de présenter le projet de reprise par [la Société de participation minière du Sud calédonien] (actionnariat provincial) de l’usine, en lien avec la société [Korea] Zinc. L’offre Prony Resources / Trafigura, qui bénéficie aujourd'hui d'un accord d'exclusivité avec Vale, a également été présentée. La société Trafigura a été associée à l'échange en visio-conférence.»
 

Concernant le barrage

«Pour répondre aux demandes d'expertise sur la stabilité du barrage, la diffusion du rapport d'expertise du 25 novembre (Mecater) sera assurée par la Dimenc». Par ailleurs, Sonia Backès «a accepté l'hypothèse d'une expertise complémentaire si elle était demandée».
 

Reporter la signature

Enfin, «les participants à la table ronde, conscients de leurs responsabilités, se sont accordés pour que la présidente de la province Sud porte auprès des acteurs concernés la demande d'un report de la signature d'un accord».
 
Raphaël Mapou à la sortie de la table ronde.
 

C’est une proposition de la présidente de la province Sud de dire : "Je vais proposer à Vale Toronto qu’une ouverture soit faite pour accueillir Korea Zinc". C’est ce qu’on voulait : que Korea Zinc vienne faire une expertise propre et qu’on puisse travailler sur le modèle économique.

- Raphaël Mapou, représentant de l'Ican et du collectif

 

Discussion annoncées sur trois points

Et cela dans l'attente de discussions qui porteraient sur :
  • la venue de Korea Zinc sur le site de l'usine «afin de procéder à une expertise dans le cadre de la recherche d'un partenariat financier et/ou industriel»;
  • l'actionnariat calédonien ;
  • le processus industriel, «notamment la possibilité de faire évoluer le projet pour aller jusqu'au raffinage dans le cadre d'un partenariat industriel».

Engagement à suspendre les blocages

Avec ce détail non négligeable : «en parallèle, l'Ican, le collectif [usine du Sud = usine pays] et l'USTKE s'engagent à suspendre les blocages pendant la durée des discussions». La consigne devait être passée aux militants «avant 6 heures pour une mise en œuvre de la décision avant 18 heures».
 
Virginie Ruffenach pour l'Avenir en confiance.
 

L’équilibre retrouvé, avec ce mandat donné à la présidente de la province Sud, est important. Chacun trouve sa place, aussi, dans ce projet. Pour notre groupe, l’intérêt des populations n’a jamais été absent au rendez-vous. Et c’était très important pour nous de trouver une porte de sortie avec l’arrêt des blocages.

- Virginie Ruffenach, cheffe de groupe AEC au Congrès

 

Signataires

Un court document signé par : 
  • Laurent Prévost, haut-commissaire ;
  • Thierry Santa, président du gouvernement;
  • Roch Wamytan, président du Congrès
  • Sonia Backès, présidente de la province Sud;
  • John Tindao, président du conseil de l'aire Drubea-Kapumë ;
  • Justin Gaïa, président du Sénat coutumier;
  • Raphaël Mapou, représentant de l’Ican et du collectif ; 
  • Philippe Michel, chef de groupe Calédonie ensemble ;
  • Virginie Ruffenach, cheffe de groupe Avenir en confiance ;
  • Pierre-Chanel Tutugoro, chef de groupe UC-FLNKS et Nationalistes - Eveil océanien ;
  • Adolphe Digoué, représentant le groupe Uni. 
 
Durant toute la table ronde, l'Ican et le collectif «usine du Sud = usine pays» étaient mobilisés devant le haussariat.
 

Attendu par les militants

Cela après plus de dix heures de discussions, dont l'issue était attendue sur place par une centaine de manifestants. L'avancée des échanges était aussi guettée ailleurs dans le pays, par exemple à hauteur de Saint-Louis où un barrage a coupé la route une partie de la nuit.
  

A la veille de l'échéance

Rappelons qu’officiellement, l’accord entre Vale et Trafigura pouvait être entériné dans les heures à venir, les négociations exclusives ayant pour échéance le 4 décembre.
Arrivée des participants.
Les acteurs de ce dossier explosif autour de la cession du complexe Vale NC étaient arrivés au haussariat au compte-goutte entre 15h30 et 16 heures. Et cette fois, donc, l’Ican et le collectif Usine du Sud = usine pays avaient appelé à une mobilisation sur place «pour marquer [leur] détermination». Pendant que les échanges se déroulaient à huis clos, c'est en musique que les militants rassemblés ont patienté. 

Le plateau de Lizzie Carboni et Nicolas Fasquel au JT de 19h30:  

L'Ican et le collectif annoncent une plainte

L'Ican et le collectif avaient précédé la table ronde d'un communiqué, et d'une annonce : «Une plainte devrait être déposée dans les prochains jours, devant le parquet national financier», signaient John Tindao, président du conseil de l'aire Drubea-Kapumë, et Raphaël Mapou, secrétaire général du comité Rhéébùu Nùù. 
 

«Procédure tronquée»

Le motif ? D'après la présentation faite durant la première table ronde par la banque Rothschild, «les responsables de l’Ican considèrent que la procédure a volontairement été tronquée à partir du 8 septembre 2020 (retrait de l’offre [New Century Resources] de façon à privilégier l’opération de rachat montée en catimini par Antonin Beurrier, PDG de Vale NC […] dont l’objet est de contrer la seule offre crédible alors en course», qui serait le projet porté par le consortium Sofinor-Korea zinc et déposé en mars/avril 2020.»
 

Appel

En conclusion, l'Ican demandait par ailleurs «à l’État, aux parlementaires calédoniens et aux groupes des élus constitués au Congrès […] et au gouvernement de prendre une position ferme contre un passage en force du projet Beurrier/Trafigura pour permettre l’ouverture de la due diligence au projet n°2-Sofinor/KZ et de le signifier à Vale Toronto».
 

Après un communiqué de Vale

Mercredi, c'est Vale NC qui s'exprimait. Une position à retrouver ici :