Drôle de séquence politique, mercredi matin, au haut-commissariat de Nouméa. Les invités sont priés de venir à pied, et soumis à la fouille corporelle. La presse locale reste, elle, sur le trottoir. A la résidence du haussaire, l’Union calédonienne brille par son absence. Et Emmanuel Macron de préciser : ce rendez-vous n’avait en aucun cas valeur de réunion trilatérale.
Je souhaitais avoir cet échange, qui n’est pas une trilatérale formelle, qui n’a pas vocation à s’inscrire dans des processus par ailleurs connus mais qui doit pour moi être un temps d'échange politique, profond et sincère.
Emmanuel Macron à Nouméa, au haut-commissariat, le 26 juillet
"Un cap fixé"
Deux heures plus tard, les premiers invités quittent les lieux. Le Rassemblement se montre satisfait de l'entrevue. "Le président de la République a fixé un cap, résume Virginie Ruffenach, qui est celui à la fois d'avancer sur le sujet du corps électoral, avec ces rencontres à Paris fin août. Mais d'avancer aussi sur la révision de nos institutions, ce que nous attendions. En donnant le cap d'une année de discussions parce qu'il a évoqué une réalité : que l'immobilisme et le fait de ne pas avancer poussent au séparatisme et présentent comme menace le retour à ce que nous avons vécu de pire, c'est-à-dire la violence."
Il a vraiment mis chacun des élus face à ses responsabilités.
Virginie Ruffenach, présidente du groupe Rassemblement au Congrès
"L'idée d'un peuple de Nouvelle-Calédonie"
Côté indépendantistes, davantage de réticence à s’exprimer, en l’absence d’une partie du FLNKS.
Ce n'est pas une trilatérale. On a surtout écouté. On a entendu ce qu'il a dit.
Jean-Pierre Djaïwe, président du groupe Uni au Congrès
Pourtant, à la sortie, des points positifs se dégagent.
L'idée d'indépendance a progressé et donc, on a demandé d'anticiper sur l'avenir.
Victor Tutugoro, porte-parole du FLNKS, UPM
"Et de voir comment on pouvait inscrire cette question de l'indépendance, de la souveraineté partagée, et avec la France bien entendu, mais en développant par exemple l'idée d'un peuple de Nouvelle-Calédonie, avec tout ce qui va avec", avance le dirigeant de l'Union progressiste en Mélanésie. "Et de permettre au terme de cette phase [au] peuple de Nouvelle-Calédonie ainsi forgé, ainsi renforcé, de pouvoir s'exprimer sur son avenir."
Avec un président qui s’est dit à prendre en compte les demandes des uns et des autres. Tout, pour sortir de l’immobilisme actuel.