Dans le quartier de Rivière-Salée toujours défiguré, à Nouméa, la carcasse calcinée du lycée Petro Attiti est immanquable. Stigmate des violences, qui ont bouleversé le quotidien des habitants du quartier. Lysiane Mome vit à proximité de l’établissement scolaire depuis cinquante ans. Selon elle, l’absence des lycéens laisse désormais un vide. “Ils étaient sympas, ils disaient bonjour. Je n’ai pas eu à me plaindre”, révèle l’habitante du quartier.
"Il n'y a plus personne"
Pour un autre habitant, qui souhaite rester anonyme, la fermeture du lycée est en revanche synonyme d’une nouvelle tranquillité. “C’est plus calme. Il n’y a plus de problèmes. Il y a toujours eu des vols, comme par ex chez la voisine, des graffitis sur les murs. C’est la troisième fois qu’on repeint. On s’est plaint au directeur, mais il ne voulait rien savoir. Maintenant, c’est plus calme et puis on n’a plus à surveiller”, assure l’habitant de Rivière-salée.
Surveiller le quartier et surtout sa paroisse, c’est la mission qui a été confiée depuis le début des émeutes, le 13 mai à Lucas Lolou, lycéen. Une présence au quotidien, pour dissuader les fauteurs de troubles. Aujourd’hui, le climat s’est apaisé. Peut-être un peu trop à son goût. “Depuis que l’établissement a été détruit, il n’y a plus personne. Il n’y a plus de bruit… D’habitude, on entend toujours les bruits des machines et des ateliers, avec des jeunes qui restent ici en attendant leurs cours. Mais là, c’est le vide, il n’y a plus rien et plus personne”, raconte le jeune homme.
“Il n’y a plus de magasins, les deux stations-services ont été brûlées, comme le Super U. Plus personne ne traîne”, ajoute le jeune habitant du quartier.
"Je vois que tout le monde galère"
Pour ceux qui circulent à pied, la seule option pour se ravitailler reste le dernier petit commerce encore debout. Une petite enseigne, placée au milieu des ruines. Avec un concept mi snack, mi épicerie d’appoint. “C’est du dépannage, on n’a pas tout ce qu’il faut. Le riz, le sucre, le café, le lait… mais je vois que tout le monde galère parce qu’ils font des ventes de gâteaux en porte a porte, sur le marché. Il y en a même qui vendent des cigarettes à l’unité, pour pouvoir s’en sortir”, révèle Simone Ragué, gérante du snack.
Un combat que Simone connaît bien. Avec la désagréable sensation de repartir à zéro. Elle a perdu les deux tiers de sa clientèle. Un avenir incertain, dans l’attente des reconstructions et l’espoir que le cœur de Rivière-salée puisse rebattre à nouveau.