Visite ministérielle : "L'Etat n'a jamais été aussi présent“, déclare Gérald Darmanin depuis le lagon calédonien

Signature du prochain contrat de développement entre l'Etat, via Marie Guévenoux et Gérald Darmanin, et la province Sud présidée par Sonia Backès.
Le prochain contrat de développement entre l’Etat et la province Sud a été signé ce mercredi, lors d’un déplacement des ministres Darmanin et Guévenoux au phare Amédée. Il représente pour presque dix milliards de francs de projets. Occasion saisie par le locataire de la place Beauvau pour mettre en avant l’implication financière de Paris en Nouvelle-Calédonie.

La déclaration a forcément une résonance politique. "Je voudrais constater que le gouvernement de la République française, l’Etat, n’a jamais été aussi présent(e) qu’en ce moment en Nouvelle-Calédonie, y compris en dehors de ses compétences”, a énoncé le ministre de l’Intérieur et des Outre-mer, au premier jour de son déplacement officiel. Gérald Darmanin et la ministre déléguée Marie Guévenoux venaient de visiter le phare Amédée, sur son coin de paradis au large de Nouméa.

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Près de 250 millions au chevet de l’îlot Amédée

Cette petite merveille, qui est un haut lieu touristique, s’avère menacée par l’érosion côtière. Le risque de submersion marine y est de 50 % en 2070, en couplant les projections sur la hausse du niveau de la mer aux conditions météo le plus favorables. Ensablement, déplacement de la partie restauration… Différentes mesures sont destinées à enrayer le phénomène, pour un montant de 248 millions de francs CFP. Elles figurent dans le contrat de développement négocié entre l’Etat et la province Sud pour les années 2024 à 2027. Un document signé sur l’îlot, mercredi après-midi.

L'ancien espace restauration de l'îlot Amédée doit être déconstruit.

Actions “en dehors de notre compétence”

La démonstration du ministre Darmanin va au-delà de cette séquence. “Lorsque nous aidons la société civile, nous ne sommes pas dans nos compétences et pourtant, nous finançons une grande partie de la sécurité civile calédonienne”, a-t-il énuméré. “Lorsque nous aidons le gouvernement de [Louis] Mapou, au sens sonnant et trébuchant (l’aide, d’ailleurs, que nous lui avons accordée, lui a permis de boucler son budget sans devoir augmenter les impôts des Calédoniens), c’est en dehors de notre compétence et nous le faisons avec un président du gouvernement indépendantiste.”

Nickel

S’ensuit une référence aux fameux contrats de développement. “Lorsque nous lançons des grands travaux publics, et que nous payons 70% des projets, intéressants, qu’[ont] le gouvernement, les provinces, nous le faisons hors de nos compétences.” Puis il mentionne les “centaines de millions d’euros” destinés à “soutenir les usines de nickel alors que ce n’est pas la compétence de l’Etat”.

“Protéger”

“Nous le faisons à la demande du président de la République, pour soutenir les Calédoniens parce que la Nouvelle-Calédonie, c’est la France, insiste Gérald Darmanin, et même s'il y a un gouvernement autonome, on voit bien que la France est là pour protéger. Protéger dans un monde géopolitique compliqué, avec la prédation de grandes puissances asiatiques, protéger la zone de pêche et de nature, et protéger contre le réchauffement climatique.

Depuis le sommet du phare Amédée, au-dessus de l'îlot du même nom, endommagé par l'érosion.

La province Sud dit “merci”

Un discours auquel Sonia Backès n’a pas manqué de faire écho. "La moindre des choses, c’est d’abord de dire merci", réagit la présidente de l'assemblée provinciale Sud. "On a des projets qui ne seraient jamais sortis de terre si l’Etat n’avait pas été présent, en particulier pour ce qui concerne le retrait du trait de côte.” Et d’aller plus loin : “Cela va avoir des conséquences de plus en plus importantes. On est au phare Amédée aujourd’hui, mais l’île Ouen a des habitations qui sont touchées par le recul du trait de côte. Et on sait très bien que seule, la Nouvelle-Calédonie ne peut pas s’en sortir.”

Dans le contrat

Ce contrat de développement représente 9,7 milliards de francs CFP. L’État amène 70 % de l’investissement et la province Sud, 30 %. Il est prévu d’aménager une voie pour relier Ducos à Koutio, afin de désengorger le trafic routier sur un axe qui voit passer jusqu’à six mille véhicules par heure aux heures de pointe. Coût total estimé : 1,437 milliard. Autres projets, la construction d’un collège public à Boulouparis, commune qui n’en dispose pas. La création d’une "canopy walk" au parc provincial des Grandes fougères. Ou encore des études pour une route de contournement au Mont-Dore.