La défense demandait du sursis, elle l'a obtenu pour un accusé sur deux. Ce mercredi après-midi, les jeunes adultes jugés devant la cour d'assises après la mort d'un père de famille frappé en mai 2021, à Païta, ont été condamnés à des peines de prison. Moins lourdes que celles requises par l'avocat général plus tôt dans la journée. L'accusé âgé de 21 ans écope de deux ans ferme, et trois autres assortis d'un sursis probatoire - pour rappel, le ministère public demandait six ans d'emprisonnement. Celui de 24 ans est condamné à six ans ferme, alors que dix années de réclusion criminelle étaient requises à son encontre. Tous deux risquaient par ailleurs jusqu'à vingt ans de réclusion.
La victime racontée par son épouse
La conclusion d'un procès ouvert ce lundi, et marqué par des moments de forte émotion. Comme ce matin, quand l'épouse de la victime a été entendue. Elle est revenue sur cette soirée dramatique de mai 2021. Après le jet d'une bouteille en verre sur un véhicule qui effectuait des drifts devant le Rivland, trois voitures étaient prises en chasse par la première. Son mari était roué de coups par deux hommes. Âgé de 36 ans, il décédait peu après, au Médipôle de Dumbéa.
Interrogée sur la personnalité de son conjoint, la dame avait du mal à s'exprimer, tant l'émotion est forte. Elle a décrit un homme sociable, proche de sa famille et de ses deux garçons. Dans la salle, le plus jeune sanglotait. L'avocate de la partie civile, Me Devrainne, a évoqué un joueur de volley, un père, un mari, un ami "mort pour avoir jeté une bouteille en verre sur une voiture".
Le réquisitoire de l'avocat général
L'avocat général, Philippe Faisandier, est revenu sur l'implication des accusés. L'un, à peine majeur au moment des faits, n'a pas levé les yeux de la matinée. Il a porté le premier coup, et suivi. L'autre a été présenté comme le "leader". Mais tous deux ont frappé la victime, qui était seule. Trois lésions ont été relevées par le médecin légiste au niveau de son crâne, qui ont entraîné la mort.
La défense demandait du sursis
Me Calmet a de son côté plaidé pour du sursis à l'encontre de son client, le premier accusé. Même chose pour le second avocat de la défense, Me Tehio. La veille au soir, l'expert psychiatre Henri Schmitt était entendu par visioconférence depuis l'Hexagone. Il a dit ne déceler aucun trouble particulier chez les accusés. Alors que le plus jeune a déclaré ne pas être responsable du coup mortel asséné à la victime, l'aîné des deux a dit l'avoir frappée au sol. Mais pour lui, c'était un simple coup, qui ne prêtait pas à conséquence.
Prise de conscience
Réalisent-ils aujourd'hui la gravité de ce qui leur est reproché ? À cette question, la réponse est oui. Ils ont pris conscience, tout au long de la journée de mardi, d'avoir ôté la vie. Celle d'un père de famille qui se trouvait au mauvais endroit au mauvais moment. Le proche d'un des accusés - qui souhaite conserver son anonymat - était au volant peu avant le drame. "Ce soir-là, c'est à cause de moi que ça, c'est arrivé", a-t-il témoigné, en larmes, au micro de NC la 1ère.
"Besoin de clore ce chapitre"
La victime est morte parce que les accusés n'auraient pas supporté d'être la cible d'un jet de bouteille de bière, alors qu'eux-mêmes faisaient du bruit avec leur véhicule de location. Leur réaction apparaît disproportionnée et irresponsable. "Je pense que tout le monde a besoin de clore ce chapitre", a confié un proche du trentenaire tué. "Malheureusement, il va falloir passer par la justice pour ça et faire notre deuil, à notre façon. Après, on évoquera de lui les beaux souvenirs qu'on a eus avec lui."
A retrouver au journal de 17 heures et au JT, à 19h30