Crise en Nouvelle-Calédonie : des habitants partagés entre résilience et lassitude à Païta

Un ouvrier face à un bâtiment incendié à Païta.
A Païta, la situation sécuritaire s'est améliorée ces deux derniers mois mais demeure précaire. Des incendies se produisent encore régulièrement, à l'image des deux départs de feu constatés dans le village jeudi soir.

Devant le magasin chez Thavan, des ouvriers s'affairent à effacer les traces de l'incendie survenu jeudi dernier. L'enseigne incendiée en mai avait pourtant été démolie. C'est donc le chantier de reconstruction qui a été visé au grand dam de Jacqueline qui travaillait ici depuis cinq ans.

"Cela me fait mal. Peut-être que c'est leur combat de tout brûler, mais c'était mon gagne-pain. C'était près de chez moi, je marchais pour y aller tous les jours", confie cette habitante, en chômage partiel depuis les émeutes. "Je ne sais pas combien de temps ça va encore durer".

Des difficultés au quotidien

En attendant -elle l'espère- de retrouver son travail, Jacqueline fait partie des anges gardiens qui surveillent l'église du village pour éviter qu'elle ne soit prise pour cible. Habituellement animée, la rue principale du village, dans laquelle on ne compte plus les façades noircies par les flammes, fait peine à voir. Les habitants sont confrontés quotidiennement à de nombreuses difficultés.

Un commerce sinistré, le long de l'avenue principale à Païta.

"C'est devenu compliqué de faire des courses à Païta. Le tissu de petits commerces du centre a été très impacté par les incendies, les destructions et les pillages", explique Antoine Romain, directeur de cabinet de la maire. Les agences bancaires, cibles privilégiées durant les émeutes, ne peuvent plus offrir les mêmes services. 

"Il est devenu très difficile d'avoir accès à des distributeurs de billets, il n'y en a plus dans le centre du village. Celui de la BCI a été détruit, celui de la Société générale a été détruit, celui de l'OPT a été détruit", énumère Antoine Romain. Et de conclure : "L'offre de commerce est réduite à néant ou presque".

L'ouverture du centre commercial très attendue

L'absence de distributeurs de billets pénalise les exposants du marché hebdomadaire. Malgré tout, Sunia a décidé de continuer à s'approvisionner au village. "Pour ceux qui n'ont pas de voiture, c'est malheureux. Tous les magasins sont brûlés. On est obligé de courir un peu partout, on remonte au Dumbéa mall", raconte cette habitante.

La donne pourrait changer prochainement. Comme une éclaircie dans un ciel chargé, le centre commercial en construction à l'entrée sud du village doit ouvrir ses portes dans un mois. Un maigre lot de consolation pour Païta, dont la mairie avait dressé un état des lieux alarmant en juillet dernier : la ville aura besoin d'un milliard de francs, ne serait-ce que pour reconstruire les infrastructures publiques.