Polémique autour de la remise en cause de la gratuité des cantines dans le Sud

Une cantine au Mont-Dore
Jeudi dernier, la province Sud a adopté en assemblée une délibération portant sur la suppression du principe de gratuité des cantines scolaires à partir de 2021. Calédonie Ensemble, Générations NC ou encore le FLNKS jugent cette décision injuste pour les populations les plus démunies.  
Lors de l’assemblée de la province Sud du 7 mai dernier consacrée principalement à la lutte contre l’abus d’alcool et la protection des mineurs, la délibération supprimant le principe de gratuité des cantines scolaires pour les élèves boursiers est passée quasiment inaperçue. 
 

«La dernière chose à laquelle on doit toucher»

Quelques partis politiques comme Calédonie Ensemble, l’UC-FLNKS et Générations NC tirent la sonnette d’alarme.
« Nous n’avons pas eu de débat sur le sujet, nous avons découvert en assemblée de province que le principe de gratuité avait été retiré » explique Nina Julié, élue Générations NC. « Le repas des enfants, pour nous, c’est essentiel, c’est la dernière chose à laquelle on doit toucher, parce que ce repas, pour certains, c’est le seul qu’ils auront dans la journée, et c’est un principe qui a été mis en place depuis 2001, que personne n’a jamais remis en question. Donc c’est vraiment un regret que nous n’ayons pas pu débattre et que cette décision ait été prise comme ça, en catimini ».  
 

« On espère que cette quote-part sera vraiment symbolique »

Cette nouvelle délibération annule donc celle de 2001 portant sur les subventions accordées aux gestionnaires des cantines municipales. 
Sachant qu’un repas à la cantine coûte 1000 francs CFP, que la subvention de la province Sud versée à la caisse des écoles est estimée à 700 francs par enfant boursier et par repas, les communes pourront en 2021 faire payer un complément d’environ 300 francs aux parents d’élèves.   
« C’est effectivement une régression pour nous » explique Jean-France Toutikian, secrétaire de l’UGPE (Union des groupements de parents d’élèves). « On n’a pas exactement bien les détails de la quote-part qui sera demandée aux familles et aux parents d’enfants boursiers, mais alors vraiment, on espère que cette quote-part sera vraiment symbolique. On demande à ce que ce soit quelque chose du type quelques francs par repas, pour que la participation des parents reste vraiment possible pour toutes les familles ». 
 

Le cas de Dumbéa

Le sujet n’est pas nouveau pour le premier magistrat de la ville de Dumbéa, président de l’association des maires de France en Nouvelle-Calédonie. En 2016, Georges Naturel avait déjà remis en cause le principe de gratuité. 
« C’est des sujets qu’on aborde bien souvent en conseil d’administration où les parents d’élèves sont représentés du reste, sur le coût du repas - il y a la fourniture du repas, mais il y a aussi tout le service qu’il y a autour, les cantinières, le personnel d’une manière générale. C’est un repas qui avoisine les 1000 à 1100 francs, donc c’est de savoir comment on finance ce repas. Les parents, et même ceux qui payent la totalité, ne payent pas le vrai prix, donc à nous de voir comment on peut équilibrer nos comptes en allant chercher peut-être des subventions supplémentaires auprès de la province Sud par exemple » explique le maire de Dumbéa. 

Alors que dans les écoles primaires de la Province Nord et des îles loyauté, les parents sont déjà sollicités pour participer financièrement  aux repas de leur enfants à la cantine, l’ensemble des maires de la province Sud appellent à davantage de concertation et de débat pour aider au mieux les élèves boursiers.
Le reportage de Natacha Cognard et Brigitte Whaap 
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