Six mois à deux ans de prison après l'expédition punitive de Poya

Deux jours après le référendum, cinq hommes menaient une véritable descente à Poya. Une réaction violente à une vidéo dans laquelle un cousin tenait des propos peu appréciés sur le mode de vie kanak. Le tribunal les a condamnés ce matin à des peines de prison allant de six mois à deux ans.
 
Les cinq prévenus, âgés de 24 à 42 ans, sont tous des cousins de leur victime. Ils n’ont pas supporté de voir une vidéo dans laquelle un jeune homme alcoolisé critique le mode de vie kanak. Des images qui ont d'ailleurs enflammé les réseaux sociaux. L'après-midi du 6 novembre 2018, après avoir bu quelques bières et fumé quelques joints, ils se rendent sur le chantier de construction où l'auteur de cette vidéo travaille, à Poya. 
 

La partie civile décrit une scène «préparée» 

S’ensuit une scène de violences que Maître Martin Calmet, avocat de la partie civile, a décrit ce mardi matin au tribunal correctionnel de Nouméa. Pour lui, cette expédition punitive a été «calculée, préparée». Et les coups pleuvent: des coups de sabre à la tête, des coups de poing et de pied, mais aussi des coups de crosse contre les deux collègues qui tentent de s’interposer et des menaces envers le propriétaire du terrain. Bilan: entre deux et dix jours d’ITT.
 

Lié aux résultats du référendum, pour le procureur 

«Il faut les sanctionner», renchérit le procureur qui voit là une contestation des résultats du référendum. Il requiert des peines de un à quatre ans de prison ferme. «Injustifiées», rétorque l’avocat de la défense, Me Denis Milliard, qui insiste sur le contexte politique exceptionnel.
 

Une vidéo blessante, selon la défense 

Ses clients ont été blessés, estime-il, et citant la vidéo, il parle de «blasphème», de propos «qui portent atteinte à leurs valeurs». Me Milliard précise qu’une coutume de pardon a eu lieu entre les deux familles. «On s’est pardonnés, on s’est compris», conclut-il.
 

Filmé en… 2011

Tous les prévenus se sont excusés. Ils disent regretter leur geste et avouent avoir réagi au quart de tour. On relèvera que cette vidéo filmée en 2011 a été publiée sur les réseaux sociaux le 3 novembre, à la veille du référendum. Les cinq mis en cause ont été condamnés, à des peines allant de six mois de prison à deux ans de prison ferme, avec maintien en détention pour quatre d’entre eux.