Dans l’Hexagone, les familles qui s’occupent des enfants placés par la justice ou par l’administration sont salariées. Elles cotisent à la retraite, ont droit à des congés payés et sont couvertes par la sécurité sociale. En Nouvelle-Calédonie, elles reçoivent des indemnités de la part des provinces pour subvenir aux besoins de l’enfant. Mais aucun statut n’encadre leur travail, qui n’est pas reconnu comme une profession à part entière.
Difficile parfois de conserver un emploi en parallèle
Pour cotiser à taux plein à la retraite et au régime d’assurance maladie, il faudrait qu’elles gardent un emploi en parallèle. “Ce qui n’est pas toujours facile”, souligne Jean-François Toutikian, dont la femme est agréée par la province Sud. “Si on veut s’occuper de nourrissons par exemple, quelqu’un doit sacrifier son travail”, estime-t-il. Et que faire quand l’enfant souffre de troubles psychologiques ou émotionnels importants par exemple ?
“Les familles peuvent vite consacrer beaucoup de temps aux enfants parce qu'ils en ont besoin et se retrouver en difficulté”, admet Christophe Bergery, secrétaire général adjoint à la province Sud. Ce lundi matin, une dizaine de familles avaient rendez-vous à la province Sud, leur collectivité de tutelle en quelque sorte. Sur le Caillou, c’est la Nouvelle-Calédonie qui est compétente en matière de protection de l’enfance. Mais des conventions ont été signées avec les trois provinces, chargées notamment de gérer les familles d’accueil contre une rémunération. De 700 millions de francs pour la province Sud, qui n'a pas encore été payée pour 2023.
Un groupe de travail entre la province Sud et les familles pour améliorer le suivi
Dans le cadre de leur mission, les provinces ont notamment mis en place des conditions (âge, santé psychologique et physique, taille du logement, etc.) à l’obtention d’un agrément, des formations, des moyens de contrôle et d’accompagnement des familles et un système d’indemnisations en fonction du nombre d’enfants gardés.
Lundi matin, les familles sont venues demander un meilleur suivi de la part de la province Sud, qui s’est engagée à mettre en place un groupe de travail.
Le gouvernement travaille sur le dossier
Mais elles étaient également là pour reparler de leur statut. Elles aimeraient devenir salariées. En province Sud, une famille l’est. Elle avait lancé une procédure judiciaire à l’encontre de la collectivité, qui a été condamnée. “Mais dans son jugement, le même tribunal dit que nous n’avons pas la compétence d’étendre ce statut”, assure Christophe Bergery. Celle-ci reviendrait au gouvernement, qui travaille sur le dossier. Un texte pourrait sortir en fin d'année, indique ce dernier.
Les familles et la province Sud ont décidé de se mobiliser pour en rappeler l'urgence. Par des banderoles, un communiqué de presse et une intervention de Muriel Malfar au Congrès, ce lundi. L'élue provinciale a rappelé que 70 familles et 150 enfants étaient concernés, rien qu’en province Sud.