C’est un échange étonnant autour d’une table de la Maison de la Famille. Trois binômes ont les yeux rivés sur un smartphone. Nicolas Takalé, étudiant au lycée du Grand Nouméa, s’empresse d’apporter de précieux conseils à Aurore Mervin, habitante d’un certain âge du quartier de Magenta. "On va apprendre les trucs de base comme mettre des mots de passe un peu partout, gérer Internet, avoir une boîte mails", détaille Nicolas Takalé.
Un enseignement dont la vieille dame a bien besoin. Entre elle et son smartphone, la connexion a dû mal à passer. "C’est quand même dommage d’avoir un outil et de ne pas savoir s’en servir convenablement", confie-t-elle.
"C'est important de noter"
C’est grâce à l’opération « Smart Génération », initiée par le CCAS de Nouméa, que les seniors peuvent apprendre à mieux connaître l’outil smartphone et sa maniabilité. Naviguer, envoyer des mails ou encore discuter avec des outils tels Messenger ou Whatsapp… Autant de gestes du quotidien qui n’auront plus aucun secret pour eux.
A l’opposé de la table, même état de concentration. Dominique Derrar, âgée de 70 ans, enchaine les questions et n’hésite pas à prendre des notes. "Je pense que c’est important de noter. On a souvent la flemme, reconnaît-elle. Si ça devient automatique, c’est parfait, mais tant que ça ne l’est pas, on ne sait pas faire et on laisse tomber", résume-t-elle.
Les demandes se multiplient
De son côté, Valérie Leclerc, directrice du Centre communale d’action sociale de Nouméa constate l'importance de ces rencontres. "Les jeunes étudiants sont à l’aise avec ces outils qu’ils manient depuis qu’ils sont petits, alors que ça l’est beaucoup moins pour une personne âgée qui découvre et qui appréhende. L’idée, c’est de se familiariser à cet équipement. Ça crée du lien intergénérationnel."
Ce lien, Delysia Delathière, le binôme de Dominique Derrar, l'apprécie tout particulièrement. "Je trouve qu’on perd un peu ce lien, estime l’étudiante en BTS ESF (économie sociale et familiale). Les jeunes sont là avec leur téléphone, mais on ne partage pas assez nos passions avec les générations avant nous."
Preuve que cela intéresse : les demandes d’initiation à l’utilisation du smartphone se multiplient. Une quarantaine de séniors attendent déjà de pouvoir participer à l’opération.