Des rivières en crue et des champs sous l’eau. Du 15 mars à 21 heures au 16 mars à 9 heures, il est tombé 330 mm cumulés à la rivière Blanche, dans le Grand Sud. Sur Yaté, on a relevé 191 mm à la mairie et 167 à l’ancienne pépinière de Goro. Ou encore 106 à Nakutakoin sur la commune de Dumbéa. Beaucoup d’automobilistes qui auraient aimé circuler dans l’agglomération nouméenne se souviendront de ce jeudi, marqué par un bel échantillon de routes coupées.
Agriculteurs en difficulté
Les agriculteurs du coin, aussi. Ce genre d’épisode subi(t) ne fait qu’ajouter à leurs difficultés, et à la diminution des récoltes. Exemple de conséquence à La Couvelée, Dumbéa Nord, le samedi 18 mars. Un habitué du Jardin calédonien fait ses courses, et il compare.
Les pieds de salade sont trois fois plus petits que d’habitude. Pareil pour les concombres, ils sont assez petits. Il manque quelques légumes de saison. Il n’y a quasiment pas de bananes…
David Gervolino, acheteur de fruits et légumes
Quantité en baisse
Vu les précipitations et inondations qui se sont succédées dans le Sud ces derniers mois, le producteur n’ouvre ses étals aux clients que deux fois par semaine. “Globalement, on a moins de produits”, résume un employé de cette exploitation labellisée agriculture responsable.
On a dû fermer le dimanche parce qu’il n’y avait plus assez de produits. On ne pouvait plus tenir le samedi toute la journée, le dimanche matin et puis mercredi après-midi.
Guillaume Toussirot, du Jardin calédonien
"L’import nous fait survivre, mais…"
Sous la halle de Ducos aussi, moins de légumes locaux. Certains exposants du marché de demi-gros misent sur l’import. “Il est à combien le prix du kilo ?“, demande un client en montrant un melon. “750, répond la commerçante. Habituellement, il est à 500, quand c’est du local.” Evelyne Bouffaré fait la visite de son étal : “Choux verts d’importation. Choux rouges d’importation. Le céleri, importation…” Des centaines de kilos de légumes introuvables localement, cette saison. En deux ans, la colportrice précise avoir perdu la moitié de son chiffre d’affaires. "L’import nous fait survivre. Mais quand j’ai du chou local, je peux vendre trois ou quatre caisses, ça veut dire une tonne. Là, en termes de vente, c’est 200 kilos."
Pertes
En face, une productrice de Mouirange, au Mont-Dore. A cause des récentes pluies, elle a perdu ses radis et ses courgettes. Il lui faut replanter une partie des légumes.
On ramasse tout ce qu’on peut avant que l’eau arrive. C’est ce qu’on a fait, on a essayé de récolter le maximum de choses pour pouvoir être là aujourd’hui. Si c’est détruit, il faudra remettre les cultures en place. Il faut surtout se dire qu’il y a une grosse demande sur le marché, il faut arriver à répondre à cette demande.
Claudine Verger, agricultrice au Mont-Dore
Reste, pour les agriculteurs, à miser sur une météo moins pluvieuse ces prochains mois.