Depuis 2009, l’Observatoire de l’environnement de Nouvelle-Calédonie a pour objectif d’effectuer des surveillances environnementales liées aux activités de l’usine du Sud. Une surveillance qui se traduit par des suivis scientifiques, notamment en ce qui concerne le milieu terrestre, les rivières et le milieu maritime autour du site industriel.
"Il y a des points positifs et des points négatifs"
Selon le rapport environnemental 2019-2020 de l’ŒIL, une pollution des eaux de surface et souterraines est observée sous influences des installations de l’usine. A noter cependant des points positifs comme le retour d’espèces animales, huit ans après la fuite de 96000 litres d’acide chlorhydrique dans la rivière. "Le fait d'avoir une quasi complète recolonisation du creek baie nord est une très bonne nouvelle, pour Léa Desoutter, chargée d'études environnementales de l’ŒIL. Après il y a eu en 2019 un pic de dioxyde de souffre qui a impacté la végétation autour de l'usine. Heureusement on a constaté qu'en 2020 les impacts étaient toujours présents mais moindres, donc la végétation est capable de se remettre quasiment au bout d'un an de ce type d'épisode de pollution."
L'industriel finance une partie du budget de l’ŒIL
Des pollutions qui doivent être suivies annuellement, l’industriel étant appelé à remédier au problème afin de préserver l’environnement. Dans son budget de 2021, l’ŒIL comptabilise une participation de 40 millions de francs Cfp de la part de Prony Resources et Prony Energie. Quid de la neutralité des travaux et de la gouvernance de l’observatoire de l’environnement ? "C'est l'indépendance de la structure. Mais c'est compliqué, avoue André Vama, le président de l’ŒIL, membre du comité consultatif coutumier environnemental. Il faut qu'il y ait un arrêté provincial qui exige le financement de l’ŒIL à travers l'industriel."
Les travaux de l’ŒIL concernent aussi la commune de Thio avec l’impact des extractions minières de la société le Nickel et les incendies récurrents. En 2019, 48 km carré de terrains et de forêts sont partis en fumée. Des aires protégées ont été touchées.
Le reportage de Natacha Lassauce-Cognard et Franck Vergès :
Les dossiers de 2022
L’ŒIL intervient aussi à l’échelle Pays. Cette année, des études doivent concerner les mesures en eau, la recherche de polluants organiques, l’évolution de la couverture forestière depuis 1990 et la pollution lumineuse. Pour la première fois, on va connaître les enjeux environnementaux associés à la pression de l'éclairage. Un état des lieux rendu possible grâce à des fonds européens (le programme BEST 2.0+), et à des contributions de la Société calédonienne d’ornithologie et de la ville de Nouméa.
La lumière artificielle a des effets sur l’homme, la faune et la flore. Attraction, répulsion : le panorama des modifications de comportement en lien avec l’éclairage est impressionnant, car la majorité du vivant est nocturne. Perturbation de la ponte des tortues, du cycle de floraison, prédation, stress des coraux, changements des habitudes alimentaires… Jusqu’aux oiseaux marins : entre 2004 et 2021, 1906 échouages ont été signalés sur nos côtes (Puffin Fouquet, Pétrel de Gould et Pétrel de Tahiti). Alors qu'ailleurs dans le monde, on éteint déjà les lampadaires placés sur le littoral à certaines périodes de l’année pour éviter ce phénomène. C'est le cas à La Réunion, au moment de l'envol des juvéniles par exemple.
Réserve de ciel étoilé
Grâce à des capteurs au sol et des images satellites, des cartes évolutives vont permettre de mesurer l’intensité et l’évolution de l’éclairage partout sur le territoire. L’ŒIL rendra ses recommandations pour gérer la pression lumineuse d’ici quelques mois. Cela intéresse les collectivités qui pourront adapter leur règlementation, dans les espaces publics et privés, dans le sens de l'environnement. La qualité du nos nuits pourrait même offrir un label à la Nouvelle-Calédonie : celui de réserve internationale de ciel étoilé. Cela serait cohérent avec l’ambition de faire du Caillou une destination pour le tourisme vert.
L'étude de l'OEIL sur la pollution lumineuse dans ce reportage de Julie Straboni :