L’affaire de Thio côté enquête

Mobilisation du lundi 29 août à Thio, après les faits et interpellations.
Jeudi dernier, à Thio, un habitant excédé par les vols de véhicules blessait au fusil deux personnes qui circulaient dans une voiture volée. Un mouvement de soutien au tireur se déclenchait et ce lundi, la population se mobilisait en dénonçant la multiplication des faits de délinquance. Or en soirée, le procureur de la République a communiqué sur l'enquête, écartant la notion de légitime défense. Quant à l'homme au volant du pick-up, il doit comparaître ce mardi.

Au soir d'une nouvelle mobilisation contre les problèmes de délinquance, à Thio, le procureur Yves Dupas a livré la vision détaillée des enquêteurs et du parquet sur ce qui l'a déclenchée : les tirs d'un habitant qui ont blessé deux occupants d'une voiture volée, jeudi dernier, à Saint-Philippo. Ce père de famille investi dans la commune, conseiller municipal, a été mis samedi en examen pour violence avec arme ayant entraîné une incapacité totale de travail supérieure à huit jours.

Deux tirs au calibre 12

Selon l'enquête diligentée par la brigade territoriale, les faits ont eu lieu ce 25 août vers 18h30. L'homme était alors accompagné de deux autres personnes, "dont le propriétaire d’un Toyota  Hilux volé à Thio dans la journée", écrit le procureur. Il a tiré à deux reprises au fusil de calibre 12 dans le but de récupérer le pick-up.

"Positionné pour intercepter"

"A l’issue d’une course-poursuite, le tireur s’est positionné pour intercepter le véhicule circulant feux éteints, écrit le procureur. Le premier tir a perforé le pare-brise, venant atteindre le conducteur." Celui-ci a alors abandonné le 4x4 et pris la fuite. Le passager avant a sauté du véhicule pour s’enfuir aussi. Toujours selon le récit d'Yves Dupas, il a échangé des coups avec le tireur, lequel a fait à nouveau usage de son arme alors que le chef de bord s’éloignait. Un coup de feu qui l'a atteint dans le dos et immobilisé au sol. Transportée à l'hôpital, la victime des violences présentait une incapacité totale de travail de 21 jours.

Le tireur a reconnu les faits

"Le tireur, qui n’a pas d’antécédent judiciaire, a reconnu les faits au cours de sa garde à vue comme devant le magistrat instructeur, précise Yves Dupas. Il est mis en examen du chef de violence suivie d’une incapacité totale de travail supérieure à huit jours avec usage ou menace d’une arme." L'homme a été placé sous contrôle judiciaire, "comprenant notamment une interdiction de paraître sur la commune de Thio, une interdiction de contact avec les deux victimes et l’interdiction de détenir ou de porter une arme." Peine encourue pour les faits qui lui sont reprochés : cinq ans d’emprisonnement ainsi qu’une amende d'environ neuf millions CFP. 

Je rappelle que ce type d’agissements ne peut caractériser une situation de légitime défense dans la mesure où l’auteur des faits de violence volontaire utilise une arme à feu dans le but de récupérer (ou protéger) des biens matériels, et ce en l’absence de toute menace sur sa personne.

Le procureur de la République

L'homme au volant arrêté samedi

"Ces faits de violence auraient pu conduire à une situation dramatique", insiste-t-il en ajoutant : "L’ouverture de l’information judiciaire a été justifiée par l’impossibilité d’entendre la seconde victime", l'homme au volant du véhicule volé, "qui a pu être finalement interpellé le [samedi] 27 août dans le courant de l’après-midi, suite aux recherches actives entreprises par la gendarmerie". 

Au Camp-Est jusqu'à l'audience, ce mardi

Lui était connu de la justice, "pour des faits de vols, vols aggravés". Âgé de vingt ans, il a été déféré lundi après-midi en vue d'une comparution immédiate ce mardi matin. Il devra répondra de recel du Toyota Hilux en le conduisant ; de deux autres vols de véhicules, le 2 juin à Dumbéa et le 20 août à Thio ; et d’un refus d’obtempérer aux injonctions des gendarmes qui lui demandaient de s'arrêter. Conformément aux réquisitions du parquet, le jeune homme, en état de récidive légale, a été placé en détention provisoire par le juge des libertés et de la détention, jusqu’à l'audience.