Une marche à partir de huit heures entre le bord de mer, vers Bota Mere, et la mairie au village. Un sit-in toute la journée. Des prises de parole pour interpeller les autorités. Voilà ce que des gens de Thio ont décidé de faire ce lundi 29 août. Il s'agissait de dénoncer les faits de délinquance qui se sont succédés ces derniers temps sur la commune, suscitant l’exaspération des habitants. Et de soutenir l'un d'eux en particulier. Car il a fait usage de son fusil contre de présumés voleurs de voiture.
Tentative d'intercepter un véhicule volé
Selon les informations alors recueillies, le soir du jeudi 25 août, un ensemble de riverains a tenté d'arrêter un véhicule signalé volé. Le conducteur ne s'arrête pas, il aurait foncé sur le groupe. Un habitant en faisant partie aurait alors tiré à plusieurs reprises en direction de la voiture. Deux occupants ont été blessés dont l’homme au volant. L’un d’eux était toujours hospitalisé ce dimanche. Depuis, le procureur a livré un récit différent, à lire ici.
Comité de soutien
Le tireur, père de famille et conseiller municipal à Thio, a été entendu par la gendarmerie, occasionnant un long regroupement devant la brigade pour le soutenir, plaider la légitime défense et demander qu’il ne soit pas inquiété par la justice. Il aurait notamment été interdit de séjour durant un mois sur la commune. C'est dans ce contexte tendu que s'inscrit l'action de ce lundi, qualifiée d'"opération ville morte". De nombreux habitants de la commune se sont mobilisés.
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"Les esprits se sont apaisés", déclarait Everick Chamoinri, l'un des membres du comité de soutien, joint au téléphone, lundi matin, "le collègue est dans les instances de la commune. Il est aussi un coutumier. C'est lui qui était appelé à chaque fois que des faits étaient commis, étant donné son rang. Il avait, à ce titre, déjà fait entendre son exaspération dans certaines réunions et avait plusieurs fois émis le souhait que des choses soient mises en place pour stopper les actes délictueux et canaliser les jeunes, parce que c'est d'eux qu'il s'agit. Ça devenait trop fréquent", ajoute Everick Chamoinri.
Ecoutez Everick Chamoinri, au micro de Malia Noukouan :
Everick Chamoinri joint par Malia Noukouan
Un problème récurrent
"Cela dure depuis des années. Et ce sont toujours les mêmes qui sèment le trouble. Je n'ai pas entendu parler de milice. On n'a pas peur. On est chez nous. D'un côté, on a des gens qui veulent semer le trouble et de l'autre, on a des gens qui veulent remettre les choses en place, là où elles doivent l'être. Je ne vois pas pourquoi on aurait peur, poursuit Everick Chamoinri.
Je ne sais plus à combien de marches nous en sommes. Tout le monde est interpellé. Aujourd'hui, on veut marquer le coup. Désormais, il y a ce comité. On doit trouver des actions à mener et les solder surtout, une par une, et se faire aider par les instances support, à savoir l'Etat, ou encore les sociétés qui sont elles aussi victimes de ces exactions.
Everick Chamoinri, membre du comité de soutien
Une opération de sensibilisation a suivi la marche, toujours pour dénoncer ces actes délictueux qui gangrènent Thio.
Retrouvez le reportage de Brigitte Whaap et Claude Lindor :