Thio commémorera, le 26 novembre prochain, les 130 ans de l’arrivée des premiers Japonais sur le territoire. Des hommes et des femmes venus par milliers travailler sur mine dans des conditions souvent difficiles. À Thio, le cimetière des Japonais témoigne encore de ce passé. Et pour la première fois, il vient d’être rénové, sous l’impulsion du Musée de la mine.
Les dernières tombes sont en train d’être passées au badigeon pour retrouver leur blancheur d’antan. Depuis début septembre, des jeunes de la commune travaillent à la rénovation du cimetière des Japonais. Quelque 166 sépultures dont une soixantaine sont classées au patrimoine de la province Sud. Certaines étaient tombées, d’autres ensevelies.
Redonner une identité à chacun des disparus
"La majorité des tombes était en très mauvais état. Quand on passait devant, c’était assez lugubre, indique Lorenza M’Boueri, la directrice du Musée de la mine. Les premiers morts qu’on a recensés datent de début 1900. Ça a été laissé comme ça. Ça n’a pas été brossé."
Les jeunes de Thio ont travaillé sous la houlette de Mathieu Tardi, tailleur de pierre. Au-delà de la rénovation, ce chantier a aussi été l’occasion de faire un travail de mémoire. "C’est fou de se dire que des gens sont arrivés dans ce petit village, qu’ils ont traversé le Pacifique, glisse Mathieu Tardi. Ils ont tout une histoire. Ils ont quitté leur famille pour venir là. Ce sont des histoires de vie intéressantes pour le pays."
Du japonais ancien
Outre les travaux de rénovation, les jeunes de Thio ont également participé à l’identification des sépultures. Un travail, lancé il y a quelques années, qui doit permettre de redonner une identité à chacun des disparus. C’est le travail de Félicité en service civique au musée de la mine. "Ce sont les anciens services civiques qui ont commencé le projet, explique-t-elle. Ils ont cartographié. Ils sont allés au cimetière. Ils ont pris des photos. On s’est aidé de ça pour se repérer au cimetière."
Un travail de longue haleine qui nécessite une véritable enquête. "L’année où ils sont arrivés à Thio et celle de leur décès sont inscrites sur les pierres tombales, poursuit Lorenza M’Boueri. Mais on ne sait pas à quel âge ils sont décédés. C’est assez particulier parce que c’est du japonais ancien. On a fait venir une prof de japonais qui a pu lire, traduire mais il y a des signes qui sont trop anciens qu’elle n’a pas pu lire."
Certaines tombes sont malheureusement totalement ensevelies. Pour les comptabiliser, le Musée de la mine a noué un partenariat avec la SLN pour lancer un travail de cartographie par drone.