A Thio, c'est une scène d'horreur, une de plus, à laquelle une famille d'éleveurs a assisté. Quatre mois après avoir acheté un taureau à plus de 500 000 francs, l'animal a été la cible de braconniers. "Ce sont des taureaux de race pure qui améliorent la génétique et donc la viande pour les Calédoniens", soupire Karheinz Creugnet, éleveur à Boulouparis. Cet ami de la famille de victimes ne connait lui aussi que trop bien ce type de situation désespérante. "On se saigne à faire tout ça (ces investissements ndlr) et là, c'est la génétique qu'on fout en l'air et toute l'amélioration de notre production, de ce que fournissent les boucheries." ajoute t-il.
Notre argent, au lieu d'être à la banque, est dans les pâturages. On investit dans des propriétés, du matériel. Tout notre salaire passe dedans.
Karlheinz Creugnet, éleveur à Boulouparis
82 bêtes tuées en moins de 10 ans
A Thio, les dernières victimes ont perdu 82 bêtes en moins de dix ans, ce qui représente également 22 millions de perte de chiffre d'affaire. De la côte Est à la côte Ouest, peu d'éleveurs sont épargnés par les vols de bétail. En 2013, Jean-Pierre Blanc, éleveur à La Foa, a ainsi créé le collectif de vigilance des éleveurs en réponse à la recrudescence de ces délits en Nouvelle-Calédonie.
"13 plaintes déposées ces dernières années, et aucune arrestation"
Concernant l'augmentation des exécutions d'animaux, l'éleveur de La Foa affirme qu'elle ne sont pas suffisamment suivies de réponse pénale. "Sur les six dernières années, 27 bêtes ont été abattues et 13 plaintes déposées. Mais sur l'ensemble des plaintes déposées, les gendarmes n'ont procédé à aucune arrestation! Pourtant, certaines affaires ont été marquées par des indices flagrants qui auraient pu conduire à des interpellations. C'est insupportable." désespère Jean-Pierre Blanc.
Post de Jean-Pierre Blanc sur Facebook, ce mardi 31 janvier 2023 :
Jean-Pierre Blanc a alerté le cabinet de Gérald Darmanin, Ministre de l'intérieur et des Outre-mer. De son côté, Sonia Backès en tant que secrétaire d'Etat dans le gouvernement Elisabeth Borne, a pris contact avec le collectif, indiquant que la situation était prise très au sérieux à Paris.