Wallisiens et Futuniens de Calédonie: trois partis océaniens en lice pour les provinciales

Le petit nouveau du paysage politique a tenu son congrès fondateur le 2 mars, à Magenta.
L'échéance des provinciales se prépare aussi dans la communauté wallisienne et futunienne. Ce week-end, pas moins de trois formations politiques océaniennes se sont concentrées sur le scrutin du 12 mai: le RDO, le ROC Plurielle et un petit nouveau nommé L'Eveil océanien.
A deux mois des provinciales, les Wallisiens et Futuniens de Calédonie veulent se rendre visible sur la scène politique. Le Rassemblement océanien pour une Calédonie plurielle, piloté par Mikaele Tuifua, se dit au-dessus du clivage entre indépendantistes et loyalistes. Parti communautaire, il existe depuis quinze ans et n'est pourtant pas très connu. Un mouvement marqué par les événements de Thio, dans les années quatre-vingt, et de l'Ave Maria, au Mont-Dore entre 2001 et 2004. Mikaele Tuifua les qualifie d'«épuration ethnique».
 

Le destin commun, ce n'est qu'un leurre.
- ROC Plurielle

 

Politique culturelle: «amorcer le changement»

Ce qu'envisage le président du Roc Plurielle, c'est une Calédonie à construire avec la communauté wallisienne et futunienne. Sans pour autant parler de destin commun. «Le destin commun, ce n'est qu'un leurre, martèle-t-il. Nous devons amorcer sans attendre le changement en matière de politique culturelle. Le grand palabre pays entre le peuple autochtone kanak et les communautés doit être scellé. C'est le socle des valeurs du pays en devenir, gage de stabilité et de cohésion sociale pour la postérité. Car si y a pas Uvea et Futuna, y a pas toi, y a pas moi.»
 

Ni ralliement ni fusion

Quant à la stratégie politique pour ces provinciales, «la liste sera uniquement au niveau du ROC, et de tous ceux qui veulent venir, les portes sont ouvertes. Mais il n'est pas question de rallier ou de fusionner qui que ce soit».
 

Notre objectif premier: faire en sorte que les institutions soient le miroir de la multiculturalité de la Nouvelle-Calédonie.
- L'Eveil océanien


L'Eveil océanien aussi se fait sa place. Un petit nouveau qui tenait ce week-end son congrès fondateur au foyer wallisien et futunien de Magenta. Conduit par Milakulo Tukumuli, il se veut également au-dessus du paysage politique habituel. Son objectif: le multiculturalisme dans les instances politiques. «Nous n'avons pas l'intention d'intégrer aucun parti, loyaliste ou indépendantiste. Ce que nous souhaitons par-dessus tout, c'est qu'il y ait un peu plus d'équité. On est l'un des pays les plus développés de l'Océanie mais en Nouvelle-Calédonie, il y a encore trop d'inégalités.»
 

Logique des blocs

«Dans les institutions de ce pays, on a toujours deux blocs figés, dénonce encore le jeune parti. D'un côté, les indépendantistes et de l'autre, les non indépendantistes. Donc d'un côté, les Kanak et de l'autre, les non Kanak. L'Eveil océanien veut dépasser ces clivages ethniques. C'est notre objectif premier: faire en sorte que les institutions soient le miroir de la multiculturalité de la Nouvelle-Calédonie.»

Milakulo Tukumuli au micro de Bernard Lassauce et Nicolas Fasquel.
©nouvellecaledonie
 

Le RDO suit la démarche unitaire du FLNKS

Ces deux partis avancent seuls vers les provinciales. Le RDO, lui, est une composante du FLNKS. Le Rassemblement démocratique océanien présidé par Aloisio Sako ira donc aux élections de mai avec le front indépendantiste. C'était même un mot d'ordre du vingt-quatrième congrès qui avait lieu ce week-end, à Dumbéa: la démarche unitaire, telle qu'elle a été développée lors de la convention FLNKS de décembre 2018, à Ponérihouen.
 

La victoire aux provinciales de cette année est à notre portée et c'est dans le Sud que la différence se fera.
- Rassemblement démocratique océanien

 

«Maintenir l'effort»

«Le RDO a aussi relayé au sein de ses instances cette ligne de conduite qu'il faut que toutes et tous restent vigilants, continue Aloisio Sako. Maintenir l'effort. Parce que la victoire aux provinciales de cette année est à notre portée. Le résultat du référendum nous a donné une indication claire, et notamment en province Sud. La victoire est à notre portée et c'est dans le Sud que la différence se fera.»
 

Composition du Congrès

«Je rappelle que le rapport de force actuel entre indépendantistes et non indépendantistes, il est de 25 pour nous, 29 en face.» Le dirigeant du RDO fait référence à la composition du Congrès de la Nouvelle-Calédonie, qui découle des provinciales. «Nous sommes à trois sièges d'avoir la majorité. C'est possible, l'unité doit se faire autour du FLNKS, avec les partis qui ont porté avec le FLNKS le projet de l'indépendance de la Kanaky-Nouvelle-Calédonie.»

Aloisio Sako interrogé par Bernard Lassauce et Nicolas Fasquel.
©nouvellecaledonie
Une communauté qui représente 8 % de la population
La communauté wallisienne et futunienne de Calédonie comptait près de 22 000 membres lors du dernier recensement, qui date de 2014. C'est-à-dire 8% de la population. Le premier maire d'origine wallisienne et futunienne a été élu le 7 février 2019. Il s'agit de Willy Gatuhau, premier édile de Païta, d'obédience non indépendantiste.