Sept personnes interpellées et un couvre-feu instauré après le drame de Yaté

La gendarmerie s'est déployée à Yaté.
Après l'enchaînement de violences qui a causé la mort de deux hommes et blessé quatre autres personnes, dans la nuit de samedi à dimanche, à Touaourou, la gendarmerie a procédé à sept interpellations. Le haut-commissariat annonce un couvre-feu dès ce soir et jusqu'à jeudi.

Les victimes avaient 48 ans et 57 ans. On en sait un peu plus sur la nuit terrible qui a conduit au décès de deux hommes, ce week-end, à Yaté. Selon le communiqué diffusé ce dimanche soir par le procureur de la République, ils ont été mortellement blessés par tir d’arme à feu au niveau de la poitrine. Une femme et trois autres hommes ont également été blessés, “dont l’un pour des lésions graves ayant conduit à son admission en réanimation“, précise Yves Dupas. 

"Armes à feu, tamiocs et cocktails Molotov"

L'enchaînement a eu lieu dans la nuit du samedi 17 au dimanche 18 février, à la tribu de Touaourou, à l'issue d'une fête de l'igname que des habitants ont tenu à célébrer malgré les tensions. Dans le contexte de conflit entre clans, des violences se sont succédé, par armes à feu, "armes blanches de type tamioc", énumère le procureur mais aussi "cocktails Molotov confectionnés avec des bouteilles de bière". 

"Deux scènes de crime"

L'enquête ouverte pour homicide volontaire et violences volontaires avec arme et en réunion a été confiée la section de recherches de la gendarmerie à Nouméa. À ce stade des investigations, les enquêteurs ont identifié deux scènes de crime, à quelques centaines de mètres de distance. Ils "ont procédé depuis 7h30 et durant la journée, à l’interpellation de sept personnes mises en cause".

Yves Dupas signale que "les investigations se poursuivent de manière très active afin de déterminer les circonstances exactes de la commission de ces faits particulièrement graves, s’agissant d’atteinte majeure à la vie humaine, et d’établir l’ensemble des niveaux de responsabilité pénale."

Blindés de la gendarmerie à l'arrêt dans le col de Mouirange, le 18 février, sur la route de Yaté.

Couvre-feu jusqu'à jeudi

Pour garantir le maintien de l'ordre à Yaté dans des circonstances aussi dramatiques, la gendarmerie a déployé un dispositif qualifié de "conséquent", par le haut-commissariat. Les automobilistes ont pu croiser de nombreux véhicules se dirigeant vers Yaté, y compris des VBRG. Le haussariat annonce aussi l'entrée en vigueur, dès ce dimanche et jusqu'au jeudi 22 février, d'un couvre-feu entre 18 heures et 6 heures du matin. On savait déjà que les établissements scolaires resteraient fermés ce lundi.

Incitation à déposer ses armes

"Il est rappelé par ailleurs que la vente de boissons alcoolisées dans les débits de troisième et cinquième classes, ainsi que le port et le transport d’armes, munitions et éléments de munitions de catégorie A, B, C et D sont interdits sur la commune jusqu’au 3 mars inclus." Et le haut-commissaire d'appeler "l’ensemble des habitants de la tribu de Touaourou à remettre sans délais leurs armes à la gendarmerie".

Appel au calme

Louis Le Franc "condamne avec la plus grande fermeté ces actes particulièrement graves". Exprimant sa solidarité envers les familles des victimes, le représentant de l'Etat "appelle au calme et à la responsabilité", comme l'ont fait le maire ou le président du gouvernement, "et souhaite voir émerger rapidement une solution à ce conflit entre les clans".

Un conflit identifié dès la fin 2022, qui a entraîné différentes condamnations en justice, après des violences et des dégradations survenues en 2023 et en janvier 2024. Le parquet signale aussi "plusieurs tentatives de médiation menées afin d’apaiser les tensions, sans effet tangible jusqu’à présent".

Le résumé des faits par Caroline Antic-Martin et Marion Thellier

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Et le plateau de situation, sur place, d'Erik Dufour et Marion Thellier

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