Les provinciales consacrent L’Avenir en confiance et corrigent Calédonie ensemble

Le camp non indépendantiste en Nouvelle-Calédonie a vécu un retournement. L’Avenir en confiance obtient vingt élus dans le Sud et dix-huit au Congrès, où Calédonie ensemble perd la moitié de ses membres. Au Nord ou aux îles, les sortants se maintiennent. Et L'Eveil océanien entre dans le jeu.
Les résultats des provinciales ne seront pas définitifs tant que les commissions de contrôle ne les auront pas validés. Mais les décomptes provisoires et les projections permettent d'avancer les grandes leçons du scrutin: 
• victoire écrasante de L’Avenir en confiance;
• défaite cuisante de Calédonie ensemble;
• Congrès toujours majoritairement loyaliste;
• maintien des sortants indépendantistes au Nord et aux îles;
• et montée surprise de la petite liste communautaire L’Eveil océanien.
La synthèse globale d'Erik Dufour, difusée le 13 mai. 
©nouvellecaledonie
 

Victoire nette de L’Avenir en confiance

Les provinciales 2019 ont été riches en émotions, dans les QG nouméens de L’Avenir en confiance et de Calédonie ensemble. Au fil de la soirée, les sourires s’épanouissaient chez les uns et s’effaçaient chez les autres. 
Revivez l'ambiance à 21h30 à L'Avenir en confiance.De ce scrutin, on retient en effet la mise sur orbite de L’Avenir en confiance. Un succès électoral couronne la récente union entre Les Républicains calédoniens, le Rassemblement-LR et le Mouvement populaire calédonien. 
Avec 28 800 voix dans le Sud, la coalition rafle la moitié de l’assemblée de province: vingt sièges sur quarante. Bien davantage que l’addition des listes UCF et FPU qui étaient tirées par Sonia Backès et Cynthia Ligeard en 2014. 
Et au Congrès, L'Avenir en confiance atteint dix-huit élus, au lieu de treize.
 

Dégringolade de Calédonie ensemble

A l'inverse, Calédonie ensemble essuie des électeurs un camouflet cinglant. Au terme d’une campagne plutôt calme, à part les sursauts des derniers jours, le parti qui détenait la puissante province Sud et le gouvernement perd du terrain jusque dans son fief de La Foa. Résultat : il passe de quinze membres du Congrès à sept.
Dans le Sud, la liste «Calédoniens ensemble, pour un avenir du pays dans la paix», rassemble 13 122 suffrages. Presque moitié moins qu'en 2014.
Dans le Nord, la liste du sénateur Gérard Poadja fait 1975 voix contre près de 2500 la dernière fois. Il disparaît même de l'assemblée provinciale au profit de la liste menée par le maire de Kouaoua Alcide Ponga.
Enfin, la liste Nouvelle vision des îles de Jean-Eric Naxue obtient 851 bulletins et n'entre pas à l'hémicycle des Loyauté.
Les dépouillements étaient encore en cours que le président sortant de la province Sud, le disait: oui, Calédonie ensemble s’attendait à une «érosion» de son électorat, a reconnu Philippe Michel. Un recul que le mouvement explique par une mandature difficile, en évoquant la crise du nickel, l'arrêt des grands chantiers ou la réforme de la TGC.
Écoutez Philippe Michel. 

Le Nord toujours aux mains de l'UNI

Le dépouillement en province Nord s'est passé comme lors des dernières provinciales : le duel a semblé si serré entre l'UNI et l'UC que l'on a cru à un renversement des équilibres. 
Et non: il semble bien que Paul Néaoutyine, président de la province Nord depuis 1999, gardera la main pour ce mandat encore. Mais une fois de plus, la différence se joue à quelques centaines d'électeurs : la liste UNI a réuni 9709 voix, et la liste UC-FLNKS cette fois menée par le président de l'Union calédonienne Daniel Goa en a obtenu 9068. 
La surprise est ailleurs. Les résultats de L'Avenir en confiance se retrouvent aussi dans les trois mille voix et les 12% d'«Agissons pour le Nord». La liste non indépendantiste menée par le maire de Kouaoua Alcide Ponga devrait être la troisième et dernière force à rejoindre l'hémicycle de Koné. Même si les non-indépendantistes perdent un siège. 
Ecoutez la réaction d’Alcide Ponga, qui revient sur cette division des loyalistes dans le Nord qui leur fait perdre un siège. C’était ce lundi matin dans la Matinale radio. 
 

L'UC grignotée aux Loyauté

Dans la petite province des îles, l’UC-FLNKS a perdu deux sièges de la majorité qu’il atteignait avec le renfort de Jacques Lalié et son ancienne «Union pour construire les Loyauté». La liste que l’Union calédonienne a confiée au même Jacques Lalié, malgré une certaine contestation dans ses rangs, en obtient six dans la nouvelle assemblée. 
Écoutez Jacques Lalié. 

Le Palika de Charles Washetine, lui, progresse de deux élus : quatre au lieu de deux jusque-là. La liste Dynamique autochtone LKS menée par Omayra Naisseline maintient les forces du parti de Libération kanak socialiste: il garde ses deux conseillers provinciaux. Idem pour le Parti travailliste de Louis Kotra Uregei, qui reste à deux représentants.
La réaction de Charles Washetine.

Quant au vœu cher aux loyalistes, il ne se réalisera pas dans cette mandature-là : l’assemblée de la province îles restera entièrement indépendantiste pendant cinq ans de plus, comme depuis 2009. Ni «Avec nous» de Simon Loueckhote soutenu par L’Avenir en confiance, ni la «Nouvelle vision des îles» de Jean-Eric Naxue pour Calédonie ensemble ne passent le seuil des 5%.
 

Maintien des équilibres au Congrès? 

Après ce scrutin, le Congrès de la Nouvelle-Calédonie reste favorable aux non indépendantistes. Sur le papier, ils représentent 28 élus sur 54, contre 26 pour les groupes indépendantistes.
Mais attention : d'une part, l'écart se resserre. D'autre part, il est peut-être hâtif de classer dans un camp les trois élus de L'Eveil océanien. Qui sait comment ces nouveaux venus arbitreront le débat... 
 

L'Eveil océanien sur un nuage

25 listes participaient à cette élection, dont onze rien qu'au Sud. L'impact des petites formations représentait l'une des inconnues du scrutin. C'est L'Eveil océanien, jeune parti «communautaire mais pas communautariste» qui tire son épingle du jeu. Il entrera à l'assemblée de province Sud avec quatre élus d'un coup. 
L'électorat wallisien et futunien lui a été visiblement favorable, notamment à Païta où il se classe deuxième, mais aussi à Dumbéa, Nouméa, au Mont-Dore et à Thio. Des électeurs qui étaient nombreux à se présenter comme des déçus de Calédonie ensemble.
Le vote communautaire analysé par Malia-Losa Falelavaki. 
La réaction de Milakulo Tukumuli, tête de liste L'Eveil océanien.
 

Un après à négocier

Ce nouveau paysage politique pose la question de l'après. Le vendredi 17 mai, les nouvelles assemblées de province devraient choisir leur président. Le 24 mai, ce sera le tour du Congrès. Et d'ici le 14 juin, il faudra composer un gouvernement collégial. Dès la soirée électorale, L'Avenir en confiance abordait le besoin de «fédérer».
Écoutez Virginie Ruffenach. 

Les Calédoniens considèrent que finalement, la question la plus importante, c'est pour ou contre l'indépendance.
Luc Steinmetz -

 

«Le plus bas taux de participation de toutes les provinciales»

Pour conclure ce retour sur le 12 mai, Luc Steinmetz s'est arrêté sur le timide taux de participation qui s'établit à 66,06 %. «Le plus bas depuis toutes les provinciales», souligne l'historien et juriste. «Les Calédoniens considèrent que finalement, la question la plus importante, c'est pour ou contre l'indépendance. Ils se réservent de participer massivement aux élections ou à un scrutin lorsque c'est vraiment cette question, parce que le choix est clair. Il n'est pas parasité par des questions de personnes, par tout un tas d'éléments de programmes qui à mon avis ne dépassent pas le choix fondamental : pour ou contre l'indépendance.»