Compter et recenser les poissons du lagon grâce à l’intelligence artificielle : c’est le défi que tentent de relever des chercheurs calédoniens qui ont mis au point de nouveaux algorithmes.
C'est une avancée notable qui a récemment fait l’objet d’une publication dans un journal scientifique international, dédié à la recherche mondiale en écologie. Pour détecter de nouvelles créatures, mesurer leur abondance, ou leur taille, des scientifiques de Nouvelle-Calédonie ont désormais recours à de nouveaux algorithmes, développés par leurs soins. Objectif : se faire un jour remplacer dans l’analyse de données photos ou vidéos sous-marines. La biodiversité calédonienne est riche de plus de 2000 espèces de poissons.
Une station vidéo c’est environ une heure de film, donc il faut passer une heure à compter les poissons sur cette vidéo, et quand on a 500 stations vidéos pour mesurer la biodiversité, c’est énormément de temps de travail pour compter et identifier chaque poisson; donc on essaye d’avoir un outil qui va le faire à notre place.
Un système efficace mais perfectible
Il faut environ 1000 photos d’une seule espèce pour reconnaître cette espèce. "Mais il y a également des espèces très rares dont on n'aura jamais 1000 photos et là on est très embêtés pour ces espèces rares" indique le chercheur. Avec ces nouveaux algorithmes, les chercheurs atteignent environ 60% de précisions mais avec seulement sept images par espèce de poisson.
A ce stade, un tiers des espèces échappe encore à la détection de ces nouveaux algorithmes. Le système est perfectible mais constitue constitue néanmoins un énorme gain de temps pour les chercheurs… jusqu’à parfois les surpasser. "Là où l’algorithme est très fort, c’est sur les tâches longues, répétitives, et assez faciles et où du coup, les humains font des erreurs qui sont dues à de la fatigue plutôt qu’à un manque de capacité ou d’expertise." précise Sébastien Billon, chercheur en intelligence artificielle à l’IRD.
Ultime étape : mettre cette technologie au profit de la collectivité, notamment dans le comptage et le traçage des requins. Des prédateurs très présents aux abords des côtes calédoniennes. Un moyen d’enrichir les données scientifiques existantes, pour une meilleure gestion du risque.
Le reportage de Loreleï Aubry et Cédric Michaut.