Nombre de candidats convoqués en Calédonie, 2 193. Au lycée Lapérouse de Nouméa, les épreuves de ce lundi matin concernaient 330 élèves pour treize spécialités, et un tiers de la note finale. Comme à chaque fois, il fallait réussir à gérer l'anxiété. "J'aimerais avoir le contrôle de mon esprit. Du coup, j'essaie d'évacuer un peu le stress", résume ainsi Alan Slamat, un de ces élèves de terminale.
Pour la première fois depuis la réforme du bac, ces épreuves ont été réalisées au mois d'août, en Nouvelle-Calédonie. Une nouveauté qui a obligé les élèves à absorber leur programme de spécialité à vitesse grand V. Des écrits aussi tôt dans l'année ? Les avis s'avèrent partagés. "C'est un bien pour un mal, trouve Chanelle Rousseau. On a énormément de stress jusqu'au mois d'août. Mais après, on se focalise sur le grand oral et sur la philosophie. Je trouve ça pas plus mal."
Effet sur l'absentéisme ?
Dans l'Hexagone, après les épreuves de spécialité, organisées en mars, le taux d'absentéisme a atteint un record absolu. Un scénario qui risque de se reproduire en Nouvelle-Calédonie. "Ce n'est pas toujours facile de remotiver les élèves", synthétise le proviseur, Gilles Ukeiwë.
Dimanche soir à Paris, Gabriel Attal, le ministre de l’Education nationale, a confirmé qu'en 2024, les épreuves de spécialité ne seront plus organisée de façon anticipée. Elles seront donc placées dans le calendrier d'examen de fin d'année. Une mesure qui s'appliquera logiquement à la Calédonie l'année prochaine. Un reportage d'Angéla Palmieri et de Gaël Detcheverry
Cours en accéléré
En attendant, à Lifou aussi, on s'est organisé pour intégrer ce changement. Au lycée des Îles, 71 élèves de filière générale et technologique planchaient sur ces épreuves de spécialité. "Au début, ça a été dur de prendre le rythme. On a dû accélérer nos cours", réagit cette terminale de Williama-Haudra. "Pour moi, c'était très court et c'est injuste par rapport aux autres qui ont eu plus de temps", regrette une autre. "C'était stressant, insiste une troisième. Mais après, les professeurs étaient là pour nous encadrer. Je pense qu'on a pu bien faire quand même."
L'établissement a notamment choisi d'optimiser l'accompagnement des candidats. "Il y a trois mois, à l'issue des conseils de classe du premier trimestre, nous avons identifié un groupe d'élèves qui étaient plus en besoin et en demande de remédiation, relate le proviseur, André Rault. Nous leur avons proposé de venir le samedi matin et parfois le mercredi après-midi pour préparer ces épreuves. Dans un second temps, la semaine dernière, nous avons préparé de manière spécifique des élèves."
Un reportage de Clarisse Xowie Watue
"Détresse" et peur d'un "abandon collectif"
De quoi susciter davantage de stress pour les enseignants, aussi, au vu du rythme très soutenu. "Il y a eu très peu de cours qui ont été vraiment aboutis, estime ce professeur de soutien en maths et physique-chimie. Ça a été plutôt du 'action - réaction'. On fait des fiches de cours, des exercices de type bac. Très peu d'entraînement, très peu de préparation." Un enseignant qui témoigne d'une réelle détresse psychologique chez des élèves. Et craint "un abandon collectif". "Il y en a qui m'ont dit très franchement : 'Je vais plus en cours, après. Si je sais que j'ai réussi mes épreuves anticipées, j'attends la fin de l'année, je fais mon grand oral et j'irai que aux matières qui m'intéressent."