Quatre associations veulent attirer l'attention sur la précarité en Nouvelle-Calédonie

A Macadam partage, qui accueille à Doniambo des personnes en errance.
La Journée mondiale de lutte contre la pauvreté, le 17 octobre, est relayée par quatre associations de Nouvelle-Calédonie afin d'initier une démarche citoyenne contre la précarité. L’occasion de sensibiliser la population et les institutions sur le nombre grandissant de personnes concernées.
En 2008, l’Institut de la statistique et des études économiques estimait que 17 % des ménages calédoniens, soit 53 000 personnes, vivaient en-dessous du seuil de pauvreté. Le chiffre date, et aucune étude ne l'a mis à jour depuis. Mais les associations qui accompagnent au quotidien les plus précaires d’entre nous alertent sur une situation toujours difficile. L'une de nos équipes a rencontré une femme qui a vécu dans la très grande précarité.
Son histoire, racontée par Natacha Cognard et Carawiane Carawiane :
©nouvellecaledonie
 

Passés par la rue

Sylvie a 44 ans. Elle habitait à Plum, au Mont-Dore, et a dû se rapprocher de Nouméa pour y travailler. Après une histoire amoureuse compliquée, elle s’est retrouvée dans la rue, elle était régulatrice scolaire. Didier, lui, a 54 ans et voilà vingt ans qu'il est accompagné par Macadam partage. C'est auprès de cette structure de l'association L'accueil qu'il a trouvé un équilibre. 
Martine Nollet a recueilli leurs témoignages :

Journée mondiale de la pauvreté, témoignages

  

Hâvre de paix aux Manguiers

C'est cette réalité qu’assument les associations qui se mobilisent pour la Journée mondiale de lutte contre la pauvreté, dont le centre d’accueil Les Manguiers (ou CALM). Situé à Ducos, juste avant la zone industrielle de Numbo, il continue de prendre en charge des familles en grande difficulté. «Ce sont généralement des accidents de la vie, des accidents de parcours», décrit le directeur, Alain Poigeaud. «Ce qu’on peut déplorer en Nouvelle-Calédonie, c’est l’absence actuellement d’un schéma de lutte contre l’exclusion. La prise en charge que nous avons, c’est un pare-feu de la délinquance actuelle.»
 

Ce sont généralement des accidents de la vie. Ils ne l’ont pas voulu, d’être dans la rue. D’être à quinze dans un logement. De perdre leur emploi.
- Alain Poigeaud, directeur du Centre d'accueil les Manguiers

 

Changer de regard

L’important à ses yeux est de changer de regard. «Ils ne l’ont pas voulu, d’être dans la rue. D’être à quinze dans un logement. De perdre leur emploi. Les femmes n’ont pas voulu se faire taper dessus, insiste-t-il. Nous, on les récupère, on les remet en selle, on les accompagne et puis on les remet dans la vie.» 
 

Le constat de la Rapsa

La Rapsa fait partie des associations qui profitent de cette journée pour faire entendre la voix des plus démunis. La Réinsertion des anciens prisonniers dans une société accueillante dispose de cinquante places d’accueil. «De plus en plus de personnes sont amenées à être dans la rue, mais dans un contexte très difficile», alerte Ludovic FELS, directeur de la Rapsa. «Nous avons aussi un public psychiatrique, stabilisé, que nous accompagnons. Et au travers de deux résidences, la prise en charge de familles en précarité. Nous avons aujourd’hui beaucoup de jeunes couples avec enfant(s) livrés à eux mêmes, souvent dormant dans des véhicules.»
 

Nous avons aujourd’hui beaucoup de jeunes couples avec enfant(s) livrés à eux mêmes, souvent dormant dans des véhicules.
- Ludovic Fels, directeur de la Rapsa

 
Ludovic Fels, directeur de la Rapsa.
 

L'appel de l'Accueil

«Le facteur commun, c’est souvent les conflits familiaux», complète le directeur de l’association l’Accueil, qui prend en charge les personnes en errance. «On a des gens de tous les horizons, ajoute Aurélien Lamboley. Ce sont des gens comme tout le monde, qui ont aussi droit au respect et à la dignité.» L’Accueil dispose de soixante places de jour et de quinze places sur des chantiers d’insertion. Et son responsable lance un appel, aux bonnes volontés et aux mécènes
 

On a besoin de bénévoles, de gens qui viennent rompre l’isolement du public qu’on accueille. On a aussi besoin des entreprises et des collectivités. On est dans la période du mécénat. On est tous éligibles, que ce soit la Rapsa, Béthanie, le CALM ou l’Accueil, pour avoir des dons en numéraire ou en matériel.
- Aurélien Lamboley, directeur de l'Accueil

 
Dans les jardins de Macadam partage


Comment aider

«On a besoin de bénévoles», clame Aurélien Lamboley. «De gens qui viennent rompre l’isolement du public qu’on accueille. On a aussi besoin des entreprises et des collectivités pour des dons autour de matériels. On arrive en fin d’année. J’ai envie d’interpeller tout le monde et de dire qu’on est dans la période du mécénat. On est tous éligibles, que ce soit la Rapsa, [le foyer] Béthanie, le CALM ou l’Accueil, pour avoir des dons en numéraire ou en matériel.»

Ecoutez le reportage de Martine Nollet : 

Journée mondiale de la pauvreté, dossier