Quatre mois de prison avec sursis requis contre Larry Martin pour des messages malveillants répétés

Me Moresco, avocate de la défense, et Me Joannopoulos, pour la partie civile, le 6 décembre 2024, au palais de justice de Nouméa.
Maintes fois repoussées, les deux affaires concernant l'adjoint au maire de Dumbéa Larry Martin ont été examinées ce vendredi, à Nouméa. Les poursuites pour violences sur conjoint sont annulées, les faits étant prescrits. Pour l’envoi réitéré de messages malveillants à son ancienne collègue, le ministère public a requis quatre mois de prison assortis du sursis. Le jugement sera rendu le 19 décembre.

Deux ans après le début de la procédure, le tribunal correctionnel de Nouméa s'est enfin penché sur les deux dossiers pour lesquels l'élu municipal de Dumbéa et sociologue Larry Martin était poursuivi. Déjà reporté à trois reprises, le procès a bien failli être ajourné une nouvelle fois.

Me Moresco, l’avocate de la défense, a en effet demandé à renvoyer la première affaire devant le ministère public, estimant que le caractère malveillant des messages n'était pas suffisamment caractérisé. Une demande qui a été rejetée par le président du tribunal.


Des rôles inversés

Pendant plus de deux heures, la justice est revenue sur la relation qu'entretenait Larry Martin, alors cadre à la Direction de la jeunesse et des sports, avec sa collègue qui faisait office de collaboratrice. Une relation extra-conjugale faite de "chaud et de froid", pendant laquelle la jeune femme reçoit des insultes et des injures par voie électronique.

De 2019 à 2021, la plaignante réceptionne ainsi des messages la qualifiant de "garce", de "pute" ou encore de "chienne" et se retrouve face à un chantage à la "sex-tape". "Elle me lançait des phrases assassines, me rendait jaloux. Pour manipuler, elle est très forte", rétorque l'élu à la barre, qui se dit aujourd'hui "brisé" et "en dépression". 

Des "jérémiades", se moque Me Joannopoulos, tout en signalant les conséquences psychologiques qu'a encore aujourd'hui cette affaire sur sa cliente. Pour l’avocate de la partie civile, non seulement "l’agresseur ne reconnaît pas les faits mais il tente de reporter toute la faute sur la victime".


"Le procès de la vengeance"

Dans sa plaidoirie, la défense représentée par Me Moresco fait le choix de prendre à contre-pied les mouvements de libération de la parole des victimes. "La partie civile avance sur du velours. Nous sommes sur une mode totale qui s’appelle #Metoo, #Balancetonporc, s'indigne-t-elle avant de désigner son client. Monsieur a deux handicaps : c’est un homme et c’est un politique."

La défense estime qu'il s'agit ni plus ni moins du "procès de la vengeance d’une femme qui n’a pas surmonté la mise à néant d’une relation conjugale". Me Moresco conteste également la qualification des faits. Son client n'est pas poursuivi pour injures ou menaces. Et de s'appuyer sur une jurisprudence selon laquelle la justice ne doit pas se prononcer sur des SMS dans le cadre d'un "dialogue". 

Pour la représentante du ministère public "pas de doute : il s'agit de messages malveillants", à la "tonalité insultante et menaçante". "Il y a chez monsieur une personnalité très particulière dans sa psychologie", indique la magistrate, qui a requis quatre mois de prison avec sursis. 

L'affaire a été mise en délibéré. Le jugement sera rendu le jeudi 19 décembre. Quant à l'affaire de violences sur conjoint, pour laquelle une autre plaignante s'était portée partie civile, elle est considérée comme prescrite. Les faits reprochés remontent à janvier 2016, soit plus de six ans après le dépôt de plainte.