Quel bilan 20 ans après la signature de l’Accord de Nouméa ?

Le 5 mai 1998, à Nouméa, lors de la signature de l'Accord. De gauche à droite : Roch Wamytan, Lionel Jospin, Jacques Lafleur. Derrière eux : Alain Christnacht et Thierry Lataste.
Ce 4 mai 2018 marque les 20 ans de l’Accord de Nouméa. Un accord qui fixait 3 objectifs majeurs, la reconnaissance de l’identité kanak, le rééquilibrage et la constitution « d’une communauté de destin ». A 6 mois de la consultation de sortie, ces objectifs ont-ils été atteints ?
Lors du dernier Comité des Signataires, l’Etat s’est engagé à dresser ce bilan chiffré de l’Accord de Nouméa. Un document attendu d’ici quelques semaines, mais d’ores et déjà quelques éléments de réponse.
Une chose est sûre, sans donnée objectives et globales, le bilan du processus de ces 20 dernières années est loin de faire l’objet d’un consensus dans le débat public, et notamment des deux côtés de l’échiquier politique.

Des critiques sur l’identité kanak et l’emploi

Le sénat coutumier et le RIN estiment par exemple qu’en dépit d’avancées symboliques, telles que la construction du centre culturel Tjibaou, la mise en place de l’Agence des Langues Kanak et leur enseignement à l’école, le compte n’y est pas pour ce qui est de la reconnaissance de la culture kanak.
Même critiques concernant l’accès à l’emploi. Le dispositif de Cadres Avenir a tout de même permis la formation de plus de 1600 cadres kanak et océaniens ces 30 dernières années. Bilan mitigé aussi, côté indépendantistes concernant la loi sur l’emploi local.

Un réel partage du pouvoir

Le rééquilibrage en matière de partage du pouvoir semble, lui, à cocher dans la colonne des éléments positifs.
C’est en tout cas l’analyse d’Alain Christnacht, l’un des artisans de cet Accord de Nouméa


Un rééquilibrage économique nuancé

Construction des deux usines, électrification de près de 98 % du territoire, un PIB par habitant qui a presque doublé, une espérance de vie qui a gagné 5 ans en Province Nord en 20 ans…les effets du rééquilibrage économique sont bien réels même si là encore le tableau doit être nuancé, notamment par le niveau élevé des inégalités : en Nouvelle-Calédonie les 10% des ménages les plus riches ont un revenu 9 fois supérieur à celui des 10 % les plus pauvres.
Pour Alain Christnacht, il s’agit maintenant de se projeter vers l’avenir et de dépasser le concept même de rééquilibrage.

Le bilan de l’Accord de Nouméa sera à l’évidence l’un des thèmes centraux de la campagne référendaire.