Colère et incompréhension après le rejet de l’offre Sofinor-Korea Zinc

Alors que Vale a confirmé, lundi, avoir refusé l’offre du consortium calédo-coréen, pour le rachat de l’usine du Sud, le collectif « Usine du sud = usine pays » entend se mobiliser pour défendre le dossier. La Sofinor, elle, continue de défendre son projet. 
 
[Mise à Jour avec conférence de presse FLNKS et communiqué Medef-NC]

Les réactions ne se sont pas fait attendre, après l’annonce de Vale, ce lundi. Pour l’industriel, la proposition du consortium Sofinor/Korea Zinc ne présente pas assez de garanties financières et environnementales.
Du côté de la Sofinor, c'est l'incompréhension. Elle estime, au contraire, que son projet de reprise de l'usine du Sud, avec son partenaire Korea Zinc, « qualifié techniquement et solvable financièrement », est solide.  

 Pas d'accès au site 

« On a été extrêmement étonnés de recevoir ce courrier, dans la mesure où l'on s'attendait plutôt à se voir autorisés l'accès au site, de façon à pouvoir réaliser une "due diligence" (une visite sur site) », confie Ulrich Reber, le directeur de projet de la Sofinor.
C'est, selon lui, « la procédure standard prévue dans le cadre de l'appel d'offres ». Il s'agit pour Ulrich Reber « de pouvoir accéder au terrain, de pouvoir prendre connaissance des équipes, de se présenter aux parties prenantes et également d'inspecter les équipements industriels. »
Ulrich Reber, représentant de la Sofinor

Des strategies divergentes

Le projet Sofinor/Korea Zinc ne retient pas la réorientation industrielle de Vale NC, qui repose désormais sur la fabrication de Nickel hydroxyde cake, le NHC, un produit intermédiaire.
Plutôt que de miser uniquement sur le NHC et les exportations de saprolites, comme le veut la nouvelle stratégie de Vale NC, le consortium veut relancer le raffinage du nickel et permettre ainsi « le retour du gisement de Goro au pays » et le « mettre hors de portée des multinationales étrangères ».

Mettre le gisement de Goro hors de portée des multinationales étrangères

Ulrich Reber, directeur de projet à la Sofinor

 

Proposer un produit fini

Le consortium Sofinor-Korea Zinc veut encore y croire. Les industriels l'ont écrit à Vale en réponse au courrier, reçu lundi. En tant que « société pays », la Sofinor estime avoir une responsabilité envers les Calédoniens sur la réussite de ce dossier.
Elle estime ausi poser sur la table une offre « avec un partenaire industriel compétent, qui saura redonner à l'usine son concept initial, c'est-à-dire aller jusqu'au produit fini », de manière à « maint(enir) la valeur ajoutée en Nouvelle-Calédonie ».
 

Un partenaire solide

Face aux critiques formulées par Vale, la Sofinor rappelle que « Korea Zinc a plus d'un demi-siècle d'expérience en hydrométallurgie ». « Nous sommes dans une philosophie de montage gagnant-gagnant, comme cela a été le cas pour l'usine du Nord et l'usine de Corée, défend Ulrich Reber. C'est-à-dire que c'est l'industriel qui amène sa compétence et son financement en contrepartie d'une valorisation de la ressource. »

Korea Zinc a plus d'un demi-siècle d'expérience en hydrométallurgie

Ulrich Reber (Sofinor)


Ce projet industriel se trouve au centre d'un bras-de-fer politique. L'issue doit être trouvée très vite car Vale a annoncé la mise en sommeil de l'usine fin octobre, si aucun repreneur n'est qualifié. Selon nos informations, Vale serait par ailleurs entré en négociations exclusives avec le suisse Trafigura
Ulrich Reber est interrogé par Erik Dufour et Claude Lindor 

 

Pression sur Vale

De son côté, le collectif « Usine du sud = usine pays » veut faire monter la pression d'un cran sur Vale et les institutions. Le courrier envoyé par Vale au consortium calédo-coréen ne passe pas. Les membres du collectif reprochent à l'industriel un manque d'équité et de transparence. Ils ne veulent pas entendre parler d'un repreneur comme le trader suisse Trafigura. 
Outre le refus de Vale de reconsidérer l'offre de la Sofinor et Korea Zinc, le collectif dénonce le manque de neutralité de la province Sud et de l'Etat dans le traitement du dossier. Une expertise doit être réalisée sur le site, estiment les coutumiers, avec le soutien du FLNKS. 

Plusieurs actions sont envisagées dont une mobilisation générale prévue ce vendredi et qui « ne s'achèvera que quand on aura une décision définitive favorable », prévient le collectif qui exhorte Vale à opter pour « un vrai industriel et non un financier ».
Le rachat de l'usine du Sud est l'un des dossiers les plus sensibles, après celui de l'avenir institutionnel du pays. Or, l'Etat doit entrer dans le vif du sujet, estiment les défenseurs du projet pays.
Le reportage d'Erik Dufour et Claude Lindor 

Le FLNKS appelle à la mobilisation

De son côté, le FLNKS indique également qu'il "ne lâchera rien". Il soutient toujours avec force le projet porté par la Sofinor et Korea Zinc, malgré le rejet de cette offre Vale Canada. Le bureau politique s'est exprimé ce mercredi. 
Le reportage d'Anne-Claire Lévêque et Ondine Moyatéa 

Le Medef-NC réagit

Des propos tenus lors de cette conférence de presse font réagir le Medef-NC. « M. Beurrier n’est plus le bienvenu en Nouvelle-Calédonie » avait alors indiqué Victor Tutugoro. 
Dans un communiqué publié ce vendredi, le Medef dénonce des « propos outrageants » à l’égard du PDG de Vale-NC. Un communiqué à lire ci-dessous.