Des petits bonhommes colorés, dotés d’accents marqués, qualifiés d’humoristiques par les Voix du Non qui ont choisi ces clips animés leur campagne officielle, mais jugés dégradants et infantilisants, d’abord par le FLNKS monté au créneau la semaine dernière et désormais par un collectif de citoyens, qui a porté l’affaire devant le Conseil d’Etat.
« On veut dénoncer cette forme de racisme qui vise à dégrader, humilier, à déshonorer les populations océaniennes. On n’est pas dans le cadre d’un spectacle humoristique ou d’un one man show. Ce n’est pas de l’autodérision, ce sont des clips qui sont diffusés dans le cadre d’une campagne électorale référendaire et pas n’importe laquelle », souligne Boris Ajapuhnya.
Le collectif a déposé un référé liberté lundi matin devant le Conseil d’Etat qui a 48 heures pour statuer. La décision devrait donc être connue mercredi soir ou jeudi matin. Les requérants estiment que « ces vidéos ne sauraient constituer des clips de campagne officielle ou même de propagande électorale digne de ce nom. Ils portent incontestablement atteinte à la dignité de ce scrutin. »
Volonté de simplifier
Des arguments contestés par le directeur de campagne des Voix du Non, Christopher Gygès, qui assure qu’aucune communauté en particulier n’est visée : « C’est toute la population calédonienne où on prend des expressions locales, où on arrive à mettre de la bonne humeur dans une campagne qui est peut-être un peu lourde. C’était vraiment l’objectif de ces films : rendre ce qui était compliqué, simple, avec du langage de chez nous dans toutes les communautés. »
Un avis que ne partage pas l’historien Louis-José Barbançon, qui y voit une attaque à l’encontre de l’ensemble des Calédoniens : « Je les trouve scandaleux personnellement, parce que ce sont des clips de campagne qui prennent les Calédoniens et les Kanak pour des attardés mentaux. La vérité, elle intervient par la voix qui arrive de l’extérieur avec un accent condescendant, un accent qui n’a rien à voir avec le pays. C’est-à-dire que rien n’a changé, il faut que la vérité vienne de l’extérieur, nous on est incapables d’exprimer une vérité. »
Le reportage de Bernard Lassauce et Laura Schintu :