2020 ne sera pas un copier-coller de 2018. Pas tout à fait. Et les modifications apportées tant au niveau du corps électoral que pour la date ou les bureaux délocalisés ont créé la controverse chez nos politiques.
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Les inscriptions sur les listes
Entre 2018 et 2020, quelques règles ont été modifiées. A commencer par le corps électoral et l’inscription automatique des natifs de statut coutumier. De quoi alimenter la controverse politique.« Normalement, l’idée, c’est de mettre les mêmes conditions entre le référendum de 2018 et le référendum de 2020. Les indépendantistes auraient dû respecter cette règle, sur les natifs, ils ne l’ont pas fait et ils ont utilisé des petits problèmes techniques pour ne pas le faire. C’est vraiment regrettable parce qu’on n’en est pas là, on est sur un scrutin majeur pour la Nouvelle-Calédonie, je crois qu’on a intérêt à se respecter les uns et les autres. Et se respecter, c’est respecter les règles qui ont été fixées au départ » explique Sonia Backès, pour l’Avenir en confiance.
« En même temps qu’il y a eu l’inscription automatique, il y avait tout un panel pour permettre aux autres natifs, autres que kanak, pour qu’ils puissent s’inscrire sur les listes électorales » estime de son côté Victor Tutugoro pour L’UNI-Palika.
Au final, à quelques ultimes inscriptions près, ce sont 180 640 électeurs qui pourront voter le 4 octobre, soit 6 486 de plus qu’en 2018.
« L’évolution tient aux révisions annuelles qui ont lieu et essentiellement à l’inscription des jeunes majeurs chaque année, comme sur les autres listes. La cohorte des jeunes majeurs, c’est environ 3 000 par année, ce qui nous amène à une hausse de 6 000 électeurs en gros entre 2018 et 2020 » explique Ulric de la Borie de la Batut, secrétaire général adjoint du Haut-commissariat.
Et pour répondre à la polémique, ce corps électoral spécial est composé selon les statistiques officielles, à 96 % d’électeurs inscrits d’office.
Les bureaux de vote délocalisés
Autre évolution, les bureaux de vote délocalisés pour les électeurs des îles résidant à Nouméa. Une procédure exceptionnelle qui bénéficiera cette fois à 5 866 personnes, soit 2 610 qu’en 2018.« Avec ce nombre d’électeurs en plus, on a créé quatre bureaux de vote délocalisés nouveaux. Donc on a avoir au total dix bureaux de vote délocalisés et la salle qu’on avait en 2018 ne peut pas accueillir dix bureaux de vote, donc la mairie de Nouméa a accepté de mettre à notre disposition deux salles qui sont mitoyennes dans le quartier de Rivière-Salée et qui pourront accueillir de manière confortable toutes les personnes qui voudront voter dans un bureau de vote délocalisé le 4 octobre » explique Laurent Cabrera, le secrétaire général du Haut-commissariat.
Les procurations
De correction en révision, chacun y est allé de sa revendication. Une campagne bleu-blanc-rouge pour répondre aux couleurs indépendantistes, ou plus consensuelle, la simplification des procurations.« Les procurations sur nos gens qui sont sur la France, sur le Québec, en études, à l’armée, pour le travail, sur l’Australie, sur la Nouvelle-Zélande… Il y a aussi plusieurs difficultés qui sont liées au Covid, c’est vrai, mais encore une fois, c’est la responsabilité de la puissance de tutelle de faire en sorte que cette prochaine consultation soit en totalité sincère et transparente. Et à l’heure d’aujourd’hui, c’est pas encore le cas » estime Mickaël Forest, pour l’UC-FLNKS.
« C’était une initiative qui a été validée par tout le monde en 2018, la période a fait l’objet de discussions et encore une fois d’affrontements. Je le regrette parce que finalement, sur le principe, c’est encore une modalité de participation supplémentaire et il ne faut pas avoir peur de la participation des électeurs. Si on arrive au moins à maintenir le taux de participation, si même il s’améliore, ce sera une vraie victoire pour la démocratie et ça permettra peut-être de moins contester le résultat » explique de son côté Philippe Dunoyer pour Calédonie ensemble.
En 2018, plus de 400 mandataires des deux camps n’avaient, il est vrai, pas pu recevoir leurs justificatifs à temps.
Le reportage de Bernard Lassauce et Carawiane Carawiane