Référendum : des Loyalistes demandent l'annulation des résultats de 9 bureaux de vote

Quatre élus et collaborateurs du groupe Les loyalistes ont déposé un recours devant le Conseil d’Etat. Ils estiment que la liberté de voter a été entravée lors du 2ème referendum. En cause, la mobilisation indépendantiste devant certains bureaux de vote.
Des concerts de klaxons, des défilés de voitures avec le drapeau du FLNKS et des regroupements plus ou moins intimidants autour de bureaux de vote... Des faits inadmissibles pour Gil Brial, Virginie Ruffenach, Sonia Backès et Muriel Germain. Contrairement à la commission de contrôle, ils estiment que le 2ème référendum a rompu 30 ans de sérénité électorale en Nouvelle-Calédonie. D’où ce recours. 
« On a une quarantaine de témoignages d’électeurs, d’assesseurs, de délégués de listes qui ont fait le tour ou n’ont pas pu rentrer dans les bureaux de vote, rapporte Muriel Germain, collaboratrice à la province Sud. On se base sur certains PV, où les assesseurs nous ont dit qu’ils avaient tellement eu peur ce jour-là qu’ils ont préféré rentrer chez eux plutôt que de remplir le procès-verbal de l’élection ». 
 

8 000 suffrages concernés 

Pas question de contester l’ensemble des résultats, ni de repasser aux urnes. La requête porte sur l’annulation de 9 bureaux de vote et environ 8 000 suffrages exprimés, essentiellement sur Nouméa et l’agglomération.
Une goutte d’eau qui ne remettra pas les équilibres en cause. Alors pourquoi ce recours ? Une question de symbole et de principe, explique Muriel Germain. « Notre objectif final, c’est que cela ne se reproduise plus jamais en Calédonie. On ne peut pas fonder une société, que ce soit sur le Oui ou sur le Non avec de telles méthodes. Pour moi, c’est inacceptable en tant qu’électrice et citoyenne. »

Notre objectif final, c’est que cela ne se reproduise plus jamais en Calédonie.

Muriel Germain

Muriel Germain

Un appel du pied aux indépendantistes 

Reste à savoir quelles conséquences aura ce recours dans les discussions sur l’avenir institutionnel du Caillou. Pour Virginie Ruffenach, la question ne devrait même pas se poser. « J’appelle les indépendantistes à soutenir notre requête car ce n’est pas une question de Oui ou de Non à l’indépendance. C’est une question de Oui ou de Non au respect des droits humains en Nouvelle-Calédonie et de la société que l’on veut construire. Est-ce que les indépendantistes acceptent qu’il y ait eu des électeurs qui aient été violentés de cette nature devant les bureaux de vote ? Ces méthodes, j’attends qu’ils les dénoncent. »
 

C’est une question de Oui ou de Non au respect des droits humains en Nouvelle-Calédonie et de la société que l’on veut construire.

Virginie Ruffenach

Virginie Ruffenach

L’Etat également visé

Egalement en ligne de mire de ce recours, l’Etat. Au lendemain du 2ème référendum, Francis Lamy, le président de la commission de contrôle, avait déclaré que ces perturbations n'étaient pas de nature à altérer la sincérité du scrutin. Pour les requérants, en ne faisant rien, l'Etat a « abandonné les Calédoniens en abandonnant ses principes fondamentaux ». Sûr qu’ils sauront le redire au ministre des Outre-mer lors de leurs prochains rendez-vous.

Le reportage de Martin Charmasson et Ondine Moyatéa
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