Réforme du Ruamm : “Ce texte qui nous a tant divisé, nous réunit”

Au deuxième jour de discussions, les élus du Congrès ont voté un cadre pour la réforme du Ruamm
La réforme du régime d’assurance maladie calédonien a été adoptée. Du moins son cadre général. Les élus du Congrès ont fini par se mettre d’accord après des heures d’échanges parfois tendus. Ils veulent y voir un signal positif pour les discussions sur l’avenir du territoire. Mais le travail n’est pas terminé : ils doivent désormais fixer des objectifs d’économies réalistes et des taux de cotisations acceptables.

Veylma Falaeo voit dans cet accord l’héritage de Jean-Marie Tjibaou et de Jacques Lafleur. “Jean-Marie Tjibaou, qui défendait l’idée d’une société calédonienne plus juste. Jacques Lafleur, qui a créé le Ruamm en faisant face à l’opposition d’une partie de son camp.” Pour l’élue Eveil océanien, “nous réussissons à être digne de la poignée de main. Ce texte qui nous a tant divisé, aujourd’hui, nous réunit”.  

Un message adressé aux Calédoniens et à Paris

Quel que soit leur bord politique, les élus du Congrès ont un même message à faire passer : ils sont capables de trouver des consensus, de dépasser leurs différences de point de vue pour avancer. Chacun y est allé de sa belle phrase, ce jeudi, au moment de voter le texte. “Un petit pas pour le Congrès, un grand pas pour notre pays”, commente par exemple Philippe Gomès. 

Parti comme c'était, c'était fin mal barré.

Pierre-Chanel Tutugoro, président du groupe UC-FLNKS et Nationalistes

Derrière, il y a eu des heures de négociations. Des paroles blessantes, témoignent Pierre-Chanel Tutugoro et Gil Brial. Quelques rires. Et au final, un accord sur l’esprit à donner à l’indispensable réforme du régime d'assurance maladie.  

À lire aussi >>> Décryptage : Ruamm, une réforme nécessaire mais qui divise

Les objectifs : préserver les acquis en termes de prise en charge de la santé des Calédoniens ; améliorer la qualité de l’offre de soins tout en maîtrisant les dépenses ; redonner de la légitimité aux professionnels. Et rendre le système équitable en assurant une couverture équivalente aux travailleurs, qu’ils soient indépendants, salariés du privé ou fonctionnaires. Ce qui passera par une harmonisation des taux de cotisations, donc par une augmentation de ces derniers pour au moins une partie des travailleurs indépendants.

Les secteurs aidés devront être nettoyés

À leur demande, les réductions accordées aux secteurs aidés (agriculture, gens de maison, hôtellerie, dispositifs de soutien à l'emploi et saisonniers et intermittents) et aux bas salaires ne seront pas supprimées. Mais un accord devra rapidement être trouvé pour les “moderniser”, autrement dit les nettoyer et les ajuster, rappelle Milakulo Tukumuli, rapporteur de la réforme. 

À lire aussi >>> Réforme du Ruamm : revivez les débats au Congrès 

Première évolution : côté secteurs aidés, la réduction de 75% des charges patronales et salariales ne sera plus applicable pour les revenus qui dépassent deux salaires minimums garantis (SMG) par mois, soit 326 000 francs, ou 3,9 millions de francs par an. 

Autres décisions : l’extension du tiers payant ou encore le paiement comptant de 100 francs pour chaque boîte de médicament achetée. 

2 milliards de francs d'économies déjà identifiés

Ce sont quelques-uns des résultats des discussions intervenues ce jeudi matin entre les chefs des cinq groupes politiques. Un travail constructif puisque nous avons tous déposé des propositions, nous les avons toutes étudiées, nous en avons tiré le meilleur”, estime Françoise Suve, cheffe de file des Loyalistes. “Nous avons cherché des pistes d’économies parce qu’avant de parler de hausse de cotisations, il faut aussi faire le ménage”, explique-t-elle, avançant un chiffre : 2 milliards de francs d’économies auraient déjà été identifiés au cours des débats. Mais le travail ne fait que commencer.  

Les taux doivent être décidés avant le 31 décembre

Pour le mener à bien, il faut une expertise, des chiffres, souligne Philippe Gomès. L’élu Calédonie ensemble aimerait qu’un ou deux inspecteurs de l’Inspection générale des affaires sociales soient détachés de l’administration nationale pour “passer à la vitesse supérieure” et sortir rapidement le système de protection de la santé du rouge.  

Comme ses collègues du Rassemblement et des Loyalistes, il insiste : “On doit intégrer dans notre philosophie globale les économies de dépenses avant de raisonner sur les taux”. Ce sera le cœur des prochains débats. Le texte d’application sur les taux de cotisations doit en effet être examiné avant le 31 décembre, pour que la loi cadre votée ce jeudi puisse entrer en application le 1er janvier 2024.

Le reportage de Dave Wheo Hnasson et Carawiane et Carawiane : 

©nouvellecaledonie