Réforme du Ruamm : "Si la réforme passe, certains petits travailleurs indépendants abandonneront leur patente", prévient Elizabeth Rivière

Elizabeth Riviere, présidente de la CMA est l'invitée de la matinale du 20 février. ©NC la1ère
Invitée de la matinale radio, ce lundi 20 février, la présidente de la Chambre des métiers et de l’artisanat est longuement revenue sur la proposition de loi de l’Eveil Océanien. Le texte vise, entre autres, à uniformiser le taux de cotisation à 13,5% sur trois ans afin de sauver le Ruamm. Une réforme jugée "injuste" par Elizabeth Rivière.

Les travailleurs indépendants ne décolèrent pas. Et la Chambre des métiers et de l’artisanat, par la voie de sa présidente, le fait savoir. A l’origine de leur mécontentement et de leurs inquiétudes, la proposition de loi de l’Eveil Océanien déposée sur le bureau du Congrès, qui vise à uniformiser le taux de cotisation à 13,5%. "Une catastrophe", a affirmé Elizabeth Rivière. Si la CMA se dit pleinement consciente des réformes à mener pour réduire le déficit du Ruamm, celles-ci ne doivent pas se faire "au détriment des artisans et pas à ce niveau-là", a-t-elle ajouté.

Risque du travail dissimulé

Selon la Chambre des métiers et de l’artisanat, sur les 11 300 artisans recensés en Nouvelle-Calédonie, 30% ont un revenu inférieur au SMG, soit moins de 164 162 francs bruts par mois. "Il est prévu que le taux de cotisation soit doublé sur une période de trois ans, ce qui signifie qu’un patenté devra verser deux mois de revenus au Ruamm. Impensable et injuste", a indiqué Elizabeth Rivière. "Les artisans sont dans une telle situation aujourd’hui qu’ils n’arrivent déjà pas à payer leurs cotisations Ruamm, bien souvent à la date d’échéance. Si la réforme passe, certains petits travailleurs indépendants abandonneront tout simplement leur patente parce qu’ils ne pourront plus payer toutes leurs charges. Le risque c’est de développer le travail au noir et ce n’est pas ce que l’on veut aujourd’hui".

Manque de concertation

Elizabeth Rivière déplore également un manque de concertation. Un groupe de travail réunissant les organisations syndicales des salariés et d’employeurs a bien été mis en place, mais la CMA n’a pas été associée aux discussions. "En tant que présidente, j’ai été reçue deux fois. Une fois par Monsieur Tukumuli puis par son cabinet mais il ne s’agissait pas de groupes de travail avec les syndicats des salariés pour leur expliquer notre positionnement, qu’ils puissent comprendre et qu’ensemble nous arrivions à trouver des taux qui soient acceptables pour tous les travailleurs indépendants". Si la situation s’enlise, la présidente de la CMA n’exclut pas une mobilisation plus forte, "dans la rue s’il le faut pour défendre les intérêts des artisans".

Retrouvez également l'interview d’Elizabeth Rivière, présidente de la CMA.

Et l'intégralité des invités de la matinale ici.