Reconfinement ce week-end, prolongation du confinement adapté au 31 octobre prochain... Le Dr Kader Saïdi, membre du collectif des médecins Covid-Nc et manager en gestion des risques était l'invité du journal télévisé ce vendredi. L'occasion de faire le point sur les annonces faites par le président du gouvernement Louis Mapou et Rémi Bastille, secrétaire général du haut-commissariat de la République.
Le déconfinement a-t-il été trop précipité?
"Je ne crois pas. Je crois que tous les indicateurs allaient dans le bon sens. Il y a un taux de vaccination qui est très bon, il y a une bonne dynamique vaccinale. Il faut qu’elle continue. On avait un taux d’incidence qui baisse et qui continue de baisser, de façon importante. Par contre, le taux d’hospitalisation et le taux en réanimation restent encore un petit peu élevés. On pouvait déconfiner, pour permettre aux commerces de rependre le travail, mais il fallait contenir. Il y avait un peu trop de liberté lundi, lors du déconfinement. La culture du risque n’est pas encore complètement acquise. C’est très bien le week-end de reconfiner, parce que les indicateurs sont encore trop élevés".
Le reconfinement sera-t-il prolongé les week-ends suivants?
"Il faudrait. Je pense que pour l’instant, on a une phase cruciale de quinze jours, trois semaines, pour éviter un rebond qu’on va avoir. Parce qu’on a une population totale vaccinée qui est aux alentours de 45 à 50%. C’est insuffisant pour éviter un deuxième rebond, par contre, on peut agir sur l’ampleur de ce rebond. Ces actions qu’on peut avoir tout de suite, c’est le testing, c’est le pass sanitaire. Le risque de contamination au sein d’un restaurant par exemple, avec le pass sanitaire, est nettement limité".
Quid de la vaccination obligatoire au 31 octobre pour certains professionnels?
"La vaccination obligatoire, il faut la restituer dans son contexte. Cette décision a été prise, lorsque le pays était Covid-free et qu’il y avait un très faible taux de vaccination, devant une population calédonienne très vulnérable. C’était une bonne décision. On est complètement solidaires de cette obligation vaccinale. Mettre un calendrier et des mesures en fonction, c’est ce qu’il manquait. C’est en train d’apparaître. Maintenant, il ne faut pas se focaliser dessus, au risque d’être contre-productif. Il faut se concentrer sur les mesures aujourd’hui, comme par exemple la rentrée reportée pour les primaires en province Sud. Ça, c’est une mesure concrète et efficace".
Report des rentrées, une bonne mesure?
"En secondaire, il y a une partie des enfants vaccinés. Mais il y en a qui ne sont pas vaccinés et qui ont des inquiétudes, avec des taux d’incidences encore élevés. En ce qui concerne le primaire, c’est une excellente mesure de l’avoir reportée, parce que c’est une tranche d’âge où ils ne sont pas vaccinés, où ils ont des difficultés à tenir les gestes barrières et ils véhiculent le virus plus rapidement, notamment à des personnes vulnérables. Ce sont des mesures concrètes, qui vont permettre d’avoir un rebond moins important".
Quid des traitements curatifs?
"S’il y a une autorisation de mise sur le marché, d’un médicament qui a montré son efficacité sur le Covid, la France obtiendra des médicaments et la Nouvelle-Calédonie, grâce au soutien de l’État, pourra avoir un accès privilégié sur ces traitements".
Vaccin : pourquoi autant d’injections?
"On sait qu’après un schéma vaccinal complet, six mois après, le taux d’anticorps baisse chez la plupart des gens. Il faut donc faire une dose de rappel. Combien de temps cette dose de rappel va durer? Je ne peux pas vous répondre tout de suite. Il faut apprendre à vivre avec cette incertitude du Covid".
Peut-on redouter un nouveau pic épidémique?
"Tous les pays insuffisamment vaccinés, ont eu plusieurs vagues. On aura deux, trois, quatre vagues, en fonction de la couverture vaccinale. Si on a pris les bonnes mesures, ce sont des actions qui vont diminuer l’ampleur du rebond, mais on va l’avoir ce rebond".