Retro 2020 : Un deuxième référendum agité

Retour sur le référendum sur l’accession à la pleine souveraineté de la Nouvelle-Calédonie, qui se tenait pour la deuxième fois le 4 octobre dernier. Un scrutin bien différent du premier, tant dans son calendrier chamboulé par le Covid, que dans ses conditions d’inscriptions.

« Ce n’est pas une simple date, et ce n’est pas une date simple à fixer », déclarait Edouard Philippe, à l’occasion du XIXe comité des signataires, le 10 octobre 2019. D’entrée on le savait, les choses n’allaient pas être simples pour ce deuxième référendum.

« Nous nous sommes battus tout au long de cette journée, pour que les conditions juridiques de la deuxième consultation, soient similaires à la première », assurait de son côté Virginie Ruffenach, chef du groupe Avenir en confiance au Congrès. 

 

Crise sanitaire

Une bataille qui s’est poursuivie à Nouméa et la crise du Covid-19 n’a rien arrangé. Dates, mais aussi inscriptions automatiques, bureaux décentralisés ou encore utilisation des drapeaux… le modèle dessiné en 2018, n’avait simplement plus cours. « La responsabilité est celle des deux camps et de l’Etat. Ils devront assumer ainsi les éventuels contentieux suite au résultat », déclarait alors Milakulo Tukumuli, président de l’Éveil Océanien. 

En tout cas, les recours pleuvent et l’avis du conseil d’Etat est sollicité. Autant de décisions qui accentuent le clivage entre les deux camps. « Il n’y a plus aucun dialogue politique entre indépendantistes et non-indépendantistes. Et ce que je vois, de part et d’autres, ce sont des provocations », ajoutait Philippe Michel, chef de file de Calédonie Ensemble.

Couleurs

À l’affrontement des idéologies, s’est ajoutée celui des couleurs, dans une campagne toujours plus radicalisée. Drapeaux Kanaky versus bleu blanc rouge, le choc est frontal. Le scrutin du 4 octobre s’annonçait exalté. 

 

Autour des bureaux de vote l’ambiance n’a plus rien à voir avec celle de 2018. Pour autant, les Calédoniens se sont déplacés en masse pour voter, plus de 85% des inscrits ont fait valoir leur droit de vote. Une participation record : près de 5% en plus qu’au premier scrutin. Le résultat est lui, toujours en faveur du « Non », mais l’écart s’est resserré entre les deux camps, séparés désormais par moins de 10 000 voix. Quand la défaite du « Oui », est vécue comme une victoire. 

Dialogue

Avec le recul et l’analyse, forts d’une dynamique positive, les indépendantistes veulent montrer qu’ils ont les cartes en main. « De 43% à 47%, c’est une victoire et oui, nous irons au troisième référendum » assurait alors Victor Tutugoro, président de l'UPM à l'animation du FLKNS.

 

Malgré un score de 53,26%, le camp du « Non » apparaît sur la défensive. Le front Loyaliste prône désormais le dialogue, plutôt qu’un troisième référendum. «On a aujourd’hui une Calédonie qui est coupée en deux. On n’a aucun intérêt à aller au troisième référendum. Si il s'avère qu'on est obligé d'y aller, on ira et on gagnera ce troisième référendum », déclarait de son côté Sonia Backès, chef de file des Loyalistes.

Divisions

D’ici là, chacun aura peut-être tiré les conclusions de ces deux premiers référendums, à savoir : deux scrutins qui ont profondément divisé la Nouvelle-Calédonie. Une division à la fois idéologique, géographique et communautaire. Un vote binaire, où les arguments pour le oui et pour le non, ont peu de chance d’aboutir à un consensus. 

Le reportage de Bernard Lassauce avec Nicolas Luiggi :