La révolte kanak de 1917 commémorée en pays Paicî-Cèmuhi

A Tiamou, une stèle a été érigée il y a huit ans près de l'endroit où le chef Noël a été tué.
La révolte kanak de 1917 s’est trouvée au cœur des attentions, hier et aujourd'hui, au centre culturel Pomémie de Koné. Deux jours de commémorations pour tourner la page d'une tragédie survenue il y a un siècle.
La révolte kanak de 1917, un héritage douloureux pour les familles. A l’ombre de l’entre-deux-guerres, dans un contexte de forte pression coloniale, des hostilités éclatent entre le grand chef Noël et l’administration d’Etat. Elles vont bouleverser le cours de l’histoire de la Nouvelle-Calédonie.

«La grande résistance de nos vieux»

Samuel Goromido est membre du comité permanent qui a organisé la commémoration de cet épisode encore vivace. «2017, résume-t-il, c'est l'année du centenaire de la grande résistance de nos vieux face au système dominant à l'époque, qui a entraîné un grand mouvement à travers les pays Hoot Ma Whaap et Paicî-Cèmuhi.»

Assumer

Assumer cette histoire, c’est la volonté du conseil de l'aire Paicî-Cèmuhi. Le projet entre dans le cadre du devoir de mémoire, initié avec le sénat coutumier, dont le but est de commémorer les nombreux évènements douloureux qui ont marqué la Calédonie.

Les deux jours de commémoration ont été notamment marqués par des danses.

«Des histoires pas tout à fait réhabilitées»

De ce fait, les autorités coutumières ont placé le rendez-vous au niveau pays.«Ça va au-delà d'un simple devoir de mémoire, ajoute Samuel Goromido. Ce sont des histoires qui ne sont pas tout à fait réhabilitées. Tout ça dans quel objectif? Celui de nous permettre, à nous et à nos enfants, de créer une synergie pour faire face à de meilleurs lendemains.»

Partenaires

Un comité permanent et technique a chapeauté l’organisation des festivités. Cette opération a pu se faire avec le soutien de plusieurs acteurs. « Le conseil coutumier de l'aire Paicî-Cèmuhi est composé des huit districts de l'aire», rappelle Reybas Waka-Céou, membre du comité permanent, qui souligne le soutien de la province Nord et des communes.

Sur la Koné-Tiwaka, le site de Pwënâcen est le lieu de séparation de clans chassés par l’armée.

Lieux symboliques

Plusieurs temps forts ont été imaginés, comme les visites guidées à Pwënâcen, lieu de séparation des clans chassés par l’armée, et au lieu-dit Cèmû, où le grand chef Noël a été décapité. Le comité mémoriel a en effet choisi de mettre en lumière, et en valeur, des sites où s'est écrite cette histoire récente.
Des lieux à découvrir dans l'avant-sujet réalisé par Gilbert Assawa et David Sigal. Ils ont recueilli la parole de David Goropoadjilei, de Victorin Poady et de Samuel Goromido.
©nouvellecaledonie

Dépasser les clivages​

Ces deux jours de commémoration étaient destinés à faire connaître ces histoires de la Nouvelle-Calédonie, à travers expositions, conférences débat, chants et danses. Un anniversaire qui doit servir à dépasser les clivages, et à rappeler l'histoire partagée.
Le reportage de Gilbert Assawa et David Sigal. Par ordre d'apparition, on y voit :
- Richard Poarairiwa, président du conseil de l'aire Paicî-Cèmuhi;
- Victor Tutugoro, vice-président de la province Nord;
- Pierre Poudewa, ancien responsable de la troupe de Netchaot;
- Michel Sallenave, commissaire délégué de la République pour la province Nord;
- Emmanuel Tjibaou, commissaire de l'exposition Da men Bwat 1917;
- Joseph Goromido, maire de Koné;
- Adrian Muckle, historien originaire de Nouvelle-Zélande.

©nouvellecaledonie

Exposition jusqu'en février

A noter que l'exposition historique Da men Bwat 2017, présentée au centre Tjibaou depuis août en partenariat avec le gouvernement et le musée de Nouvelle-Calédonie, est délocalisée à Pomémie jusqu'au 23 février 2018 (entrée libre).

Installation de l'exposition Da men Bwat 1917 au centre Pomémie.

«Sagaie et casse-tête»

Da men Bwat, ça signifie sagaie et casse-tête en langue vamalé de la région de Voh. Pour raconter cet épisode douloureux de 1917, l'exposition multiplie les supports. Archives iconographiques, objets et récits collectés permettent d'évoquer aussi bien l'engagement des tirailleurs kanak dans la Première guerre mondiale, que la guerre livrée par les clans, les colons et le pouvoir.