Risque requin : reprise des activités nautiques à Nouméa, nouvelles réactions à l’interdiction de se baigner et arrêté pris à Koné

Les rideurs à Magenta, un arrêté affiché à Foué, le poste de surveillance en action à la "BD", la charge de Jérémie Katidjo Monnier et une marcheuse pied dans l'eau.
La semaine a commencé avec la reprise possible des activités nautiques à Nouméa, "aux risques et périls" des pratiquants. Mais aussi avec la déception des amateurs de baignade, dont certains s'organisent, et les critiques de Calédonie ensemble envers la gestion municipale du risque requin. Pendant ce temps, à Koné, un arrêté -plus ponctuel- a été pris par précaution après signalement d'un squale en baie de Foué.

Kite, wind, wing, paddle, va'a... Après des semaines d'attente, les rideurs peuvent reprendre la mer, selon l'arrêté municipal publié vendredi dernier. "Les activités nautiques, est-il écrit, sont autorisées aux risques et périls des usagers à compter du lundi 20 mars jusqu’au dimanche 31 décembre 2023 inclus, dans la bande littorale des 300 mètres de Nouméa”. 

Contre vents, marées et risque requin

Ce lundi matin, une poignée de windsurfeurs fréquentaient ainsi la plage de Magenta pour profiter des rafales à 45 km/h. 

On va gérer nos peurs et se donner un peu de plaisir tout en étant très prudents.

Alexandre Bouquillard, windsurfeur

Côté Anse-Vata et baie des Citrons, les maîtres-nageurs sauveteurs étaient sur le qui-vive. Pas de baigneur ce lundi, la consigne semblait respectée.

Voyez le reportage de Dave Wahéo-Hnasson et Nicolas Fasquel :

©nouvellecaledonie

Regrets

Il alimente les conversations, l'arrêté qui interdit de piquer une tête à Nouméa, dans la bande littorale des 300 mètres, jusqu’au 31 décembre. Cette contrainte au long cours oblige les habitants à changer leurs habitudes. Alain fait du longe-côte à la "BD" depuis quarante ans. Aujourd'hui retraité, âgé de 76 ans, il regrette ce moment qui allie sport doux et sociabilisation.

Tous les matins, on était là tous ensemble. On fait des connaissances, on rigole… Là, c'est plus pareil. J'ai des douleurs dans les jambes alors qu'avant, je n'avais plus tout ça. 

Alain, usager de la "BD"

Françoise fait aussi partie des habitués. Tous les matins, elle venait marcher dans l’eau. Pour protester, elle a créé, avec une autre usagère de la plage tout aussi dépitée, un groupe Facebook intitulé "Contre l’arrêté d’interdiction de baignade sur les plages de Nouméa". Apparu ce week-end, il comptait lundi soir plus de 450 "followers". 

Il y a des solutions autres que fermer toutes les baies. Il est possible d'adapter la baie des Citrons à la baignade avec une surveillance accrue, à savoir une limitation dans la distance de baignade et éventuellement faire naviguer le scooter à cette limite. On demande simplement à Mme le maire d'avoir une certaine indulgence et une certaine logique.

Françoise, co-créatrice d'un groupe Facebook en réaction à l'arrêté

Une chaîne humaine "pieds dans l'eau"

Sur ce groupe, il est question d'un courrier adressé à Sonia Lagarde qui sollicite un rendez-vous avec la maire "pour discuter de la possibilité de modification de l'arrêté". Par exemple dans le sens d'une "autorisation aux risques et périls des pratiquants", comme pour les activités nautiques. Une chaîne humaine "pieds dans l'eau" est même envisagée samedi 25 mars, à la Baie-des-Citrons. 

"On s'assoit dans l'eau"

Angèle, elle, est accompagnée d’une vacancière. Les deux femmes sont déçues de ne pas pouvoir profiter de l'océan. "On va aller faire juste trempette. On s'assoit dans l'eau. On a envie de se baigner. Parce que là quand même, jusqu'au 31 décembre, ça fait long." 

Sonia Lagarde donne sa vision

Invitée du journal télévisé dimanche soir, Sonia Lagarde a laissé entendre que l'arrêté pouvait être souple dans son application, par exemple pour "marcher les pieds dans l'eau" et confirmé l'absence d'amende. Mais surtout demandé aux Nouméens "un peu de sagesse et un peu de temps", en justifiant les délais  nécessaires (synthèse, et entretien vidéo complet, à retrouver ici).

Reproches venues de l'opposition

A l'inverse, Calédonie ensemble dénonce une inaction de la maire dans la gestion du risque requin depuis l’attaque du petit Anthony par un bouledogue à la baie de l'Orphelinat, que le parti estime en contradiction avec les annonces qui ont pu être faites. Jérémie Katidjo Monnier, conseiller municipal de CE, énumère : "Sonia Lagarde nous dit depuis quatre ans qu'elle construira un filet anti-requins, rien n'a été fait. Rien n'a été fait non plus sur les smart Drumlines, des balises qu'on installe au loin pour attirer les requins et alerter les postes de surveillance, évacuer le plages. Rien n'a été fait non plus sur les drones : des dizaines de plages australiennes sont équipées de drones qui tournent en permanence. Aujourd'hui, on n'envoie les drones que lorsqu'il y a un signalement, c'est-à-dire trop tard."

Il appelle aussi de ses vœux une mutualisation des moyens à la façon du groupement d'intérêt public qu'est le centre sécurité requin de La Réunion. Ecoutez-le au micro de David Sigal et Gaël Detcheverry :

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Un autre arrêté, à Koné

Nouméa n'est pas la seule commune calédonienne qui s'efforce de protéger la population des requins. Dimanche en fin de journée, à Koné, des témoins ont signalé la présence d'un squale d'environ trois mètres près du bord dans la baie de Foué. Ce lundi, la mairie a pris un arrêté : il interdit jusqu'à nouvel ordre la baignade, les activités nautiques et la pêche à pied en pleine eau à Foué. Toute la semaine, des rondes seront effectuées pour s'assurer que l'animal a quitté la zone, avant de lever l'interdiction. 
Le reportage de Brice Bachon et Nathan Poaouteta :  

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