Annonce fracassante jeudi. Publication de l’arrêté municipal vendredi. Et ce dimanche, au journal télévisé, la maire de Nouméa est revenue sur l’interdiction de baignade désormais en vigueur jusqu’à la fin de l’année. Prise pour répondre au risque d’attaque de requin, la décision, exceptionnelle, continue à provoquer un raz-de-marée de réactions, d’observations et de contre-propositions. “J’ai une telle responsabilité sur la bande des 300 mètres… Je ne joue pas avec la vie des gens, se défend Sonia Lagarde. Il faut comprendre ma position. C'est vrai que j'ai pris une disposition qui va un peu loin. Il faut savoir que c'est un arrêté, il est extrêmement flexible, il peut évoluer.”
"Il n'y a pas d'amende"
Un arrêté qui ne précise pas les sanctions encourues. Et pour cause ? Interrogée sur ce que risquent les contrevenants, la première édile nouméenne a répondu : "Il n'y a pas d'amende. On dit aux gens tout simplement et gentiment : ‘Il y a un risque, n'y allez pas.’" Ou encore : "On ne va pas aller taxer les gens et leur dire : ‘On va vous mettre des amendes, vous n'avez pas le droit…’ Si les gens veulent marcher les pieds dans l'eau parce que ça fait du bien… Mais la baignade est fortement déconseillée, voire interdite."
Aujourd'hui, il faut faire attention avec la baignade. J'en connais beaucoup qui ont la trouille au ventre. Je demande un peu de sagesse et un peu de temps pour qu'on arrive à sécuriser et qu'on ait une image différente de la Nouvelle-Calédonien de celle qu'on a aujourd'hui. Et je pense que beaucoup de gens vont me comprendre, quand même.
Sonia Lagarde, maire de Nouméa
En revanche, les activités nautiques sont à nouveau autorisées à Nouméa, depuis ce lundi, mais "aux risques et périls" des usagers. Elles étaient jusque-là prohibées, depuis quelque semaines, et cette double interdiction a eu d’ores et déjà un impact sur les professionnels. Loueurs de matériel, restaurateurs des baies ou acteur touristique de l’île aux Canards ont exprimé leurs difficultés.
"Il faut faire jouer toutes les collectivités"
Sonia Lagarde assure les comprendre. Mais face au danger, et à l’image extérieure "détestable" qu’en tire la Calédonie, elle en appelle au soutien des autres institutions. "Cette prise en compte du risque requin doit être (…) collective. Ça veut dire qu'il faut faire jouer toutes les collectivités. Le gouvernement est aussi compétent en terme de tourisme à l'international. La province Sud est compétente aussi en terme de tourisme (…) La commune est compétente à gérer la bande des 300 mètres (…) Si on prend en considération que c'est un problème pays, il va falloir qu'on se mette autour d'une table et qu'on arrive à trouver des solutions, y compris des solutions qui pourraient pallier à la défaillance économique que certains pourraient avoir."
Vers plusieurs filets
Il est reproché à la maire d’avoir perdu du temps dans la gestion du dossier. "Je n'ai pas attendu longtemps", rétorque Sonia Lagarde, en évoquant le projet de filet anti-requins dans la baie des Citrons. "On a fait un premier appel d'offre, qui a été rendu infructueux. On en a passé un deuxième. On arrive aux fins de la consultation avec les entreprises, on a plutôt des bonnes surprises. Et on a essayé d'avoir un peu plus d'éléments techniques."
Cette infrastructure a été budgétée à hauteur de 150 millions. "Mais j'ai eu la chance d'avoir une aide de l'Etat de 60 millions et j'espère bien que l'Etat nous aidera pour les autres plages aussi." En effet, "suite aux dernières attaques, j'ai décidé de protéger aussi le Château-Royal", du nom donné à cette portion de l'anse Vata où les drames se sont produits en début d’année. L’avis d'appel d'offre pour la sécuriser par le biais "d’un dispositif de protection contre les requins" est sorti ce lundi.