Ruamm: le gouvernement débloque 700 millions

Une infirmière libérale proteste contre le retard annoncé des versements, le vendredi 22 décembre, devant la Cafat.
Le gouvernement de la Nouvelle-Calédonie effectuera une avance de trésorerie à la Cafat, à hauteur de 700 millions CFP, pour pallier de façon ponctuelle le déficit du Régime unifié d’assurance-maladie maternité. Le Ruamm qui se trouve dans une situation critique.
Bonne nouvelle pour les professionnels de la santé. En particulier les libéraux concernés au premier chef par les difficultés du Ruamm, dont certains ont même fait éclater leur colère, hier. Face au déficit vertigineux du Régime unifié d’assurance-maladie maternité, à hauteur d'un milliard, la Cafat avait en effet envisagé de retarder jusqu'à fin janvier l'acquittement d'actes pratiqués en tiers payant. C'est tout simplement la cessation de paiement qui planait.

«Pour payer les indépendants»

Or, le président du gouvernement l'a confirmé ce matin à NC 1ère, la Nouvelle-Calédonie vole au secours de la caisse. Du moins momentanément. «Nous avons regardé ce qu'on pouvait faire pour effectuer une avance de trésorerie à la Cafat, a expliqué Philippe Germain à Jean-Paul Treuil. On a pu trouver 700 millions pour lui permettre de payer les indépendants. Et pour essayer de faire les premiers versements dès le début du mois de janvier plutôt que la fin janvier. Nous avons également demandé de faire ces versements en tenant compte de la taille des entreprises et, bien entendu, des urgences. »

Philippe Germain lors de son deuxième discours de politique générale.

Juste un répit

Voilà qui soulagera la Cafat, lui fera gagner un peu de temps, mais qui ne règle pas pour autant le «trou» plongeant du Ruamm. «Il faut, répète Philippe Germain, qu'au premier trimestre 2018, nous prenions toutes les décisions qui s'imposent pour rétablir l'équilibre du Ruamm ou du moins commencer à tendre vers l'équilibre.» Remédier à ce déficit figurait comme une priorité dans le discours de politique générale qu'il a prononcé hier au Congrès. Dans cette déclaration, le président du gouvernement a évoqué trois pistes pour réduire les dépenses de santé de vingt milliards en cinq ans: «supprimer les gaspillages et les actes de confort»; «optimiser les recettes en rétablissant l'équité dans les contributions de chacun»; «réaliser des économies sur le coût des actes médicaux».
 

«Une bouffée d’oxygène»

Pour l'heure, cet apport de 700 millions équivaut à «une bouffée d’oxygène» selon le Syndicat des infirmiers à domicile, qui a appris la nouvelle jeudi lors d’une réunion avec la Cafat et la direction des Affaires sanitaires et sociales. Le SIAD qui réclame une réforme en profondeur de notre système de santé. «Ça ne va pas suffire à combler ou à régler le déficit structurel. On peut toujours réduire les dépenses de santé mais si en face, on n'a pas de recette, ça restera structurellement déficitaire, développe son président Hervé Raoull, joint par Malia Noukouan. On compte justement travailler avec le gouvernement, je suppose dans le cadre du plan Do Kamo, parce que nous avons d'autres propositions.»

Locaux de la Cafat, la caisse de compensation des prestations familiales, des accidents du travail et de la prévoyance des travailleurs en Nouvelle-Calédonie.

«Réformer le cœur du système»

Le syndicat appelle à un rassemblement de tous pour essayer de changer en profondeur les comportements : «des Calédoniennes et des Calédoniens, des professionnels de santé, des hôpitaux publics et privés et des élus aussi». «Je ne parle pas que de la surface, insiste Hervé Raoull. C'est vraiment le cœur du système de santé qu'il faut réformer. Mais si on ne rajoute pas un paramètre supplémentaire, qui est le paramètre comportemental, on n'arrivera jamais à endiguer ce déficit. »