La séance du Congrès sur l'organisation du référendum tourne au débat fleuve

Il a fallu environ quatre heures, ce vendredi, pour que le Congrès de la Nouvelle-Calédonie rende un avis sur un projet de décret lié à l'organisation du référendum. Un avis qui n'est pas unanime. La date et l'utilisation du drapeau tricolore dans la campagne ont profondément divisé l'hémicycle.

La campagne avant l'heure

Ce n’était qu’un avis pour un projet de décret. Or, l’affaire a rapidement tourné au débat, parfois stérile, sorte de campagne référendaire avant l’heure.
 

Ce n’est pas un amour du drapeau que vous êtes en train de développer, c’est une utilisation du drapeau. C’est différent.
- Jacques Lalié, UC-FLNKS et Nationalistes

 

Changement

Le nœud du problème : l’utilisation du drapeau national ou de ses trois couleurs lors de la campagne électorale. Une modification des règles par rapport à 2018, que certains trouvent fâcheuse.
 

Je déplore que les conditions entre 2018 et 2020 changent. La responsabilité est celle des deux camps, et de l’Etat. Ils devront assumer ainsi les éventuels contentieux suite au résultat.
- Milakulo Tukumuli, Eveil océanien

 

«Rééquilibrer»

Pour l’Avenir en confiance à l’origine de cet amendement, il s’agit purement et simplement de rééquilibrer les choses.
 

Cet équilibre, il passe par l’utilisation par chaque camp des couleurs qui représentent ses orientations politiques. Il était inenvisageable que le drapeau bleu-blanc-rouge soit censuré dans le cadre de cette campagne référendaire.
- Virginie Ruffenach, Avenir en confiance

 

Réservé à l'Etat

Un sujet qui a vite emmené le débat au-delà du simple article du code électoral qui en interdit l’usage, réservé à la communication de l’Etat.
 

A partir du moment où l’Etat français nous oblige à accepter la propagande référendaire avec l’usage par les loyalistes du drapeau bleu-blanc-rouge, il n’y a plus d’égalité, il n’y a plus d’équité. 
- Marie-Line Sakilia, UC-FLNKS et Nationalistes

 

On a un camp loyaliste qui veut toutes les communautés qui vivent en Nouvelle-Calédonie vivent avec les mêmes droits et les mêmes devoirs, et soient toutes traitées sur un pied d’égalité. Et puis on a le projet indépendantiste qui veut qu’une communauté prenne le dessus sur les autres. Je pense que ce débat sur le drapeau traduit ces projets politiques et la différence de ces projets politiques.
- Sonia Backès, Avenir en confiance

 

Promesses de contentieux

Résultat : un amendement qui autorisera le bleu-blanc-rouge dans la campagne face au drapeau indépendantiste. Mais déjà, des promesses de contentieux et de probable recours quant à la sincérité du scrutin.
 

Est-ce que dans l’histoire de toutes les consultations, référendaires, pour les anciennes colonies, cet article, on y a dérogé ? D’après les recherches que nous avons effectuées, a priori non.
- Louis Mapou, Uni-Palika

 

C’est une mauvaise nouvelle par rapport à la rupture, consacrée maintenant, du dialogue. Ça provoque, et ça provoquera certainement, des risques sur le résultat du référendum. S’il y a un contentieux sur le décret, il y aura certainement un contentieux sur le résultat du référendum.
- Philippe Dunoyer, Calédonie Ensemble

 

Courte majorité pour le 25 octobre

Pour ce qui est du calendrier, une courte majorité s’est dégagée en faveur d’un scrutin fixé au dimanche 25 octobre. Mais la séance a carrément tourné à la farce quand l’assemblée s’est prononcée à l’unanimité en faveur de ce projet de décret, avant… de se raviser ! Et d’y apposer quelques réserves quant à leurs divergences respectives.

Un compte-rendu de Bernard Lassauce et Claude Lindor : 
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