Quel est le principal sujet de conversation, en Nouvelle-Calédonie? La taxe générale à la consommation! Le 1er octobre, c'est bien dans la douleur qu'elle est entrée en vigueur à taux pleins. Résumé d'une semaine pleine de surprises, de couacs, de conflits et d'ajustements.
1. Cinq jours après, le panier de la ménagère n'avait pas baissé
La mise en place de la TGC portait la promesse d'une baisse des prix pour les produits de consommation courante. Cinq jours après le passage à taux pleins, l'une de nos équipes est allée faire ses courses dans des grandes surfaces de Nouméa, en prenant bien soin de comparer les étiquettes avant - après. Résultat: +1 % d'augmentation moyenne sur le panier de la ménagère, c'est-à-dire hors alcool et cigarettes.La hausse la plus frappante constatée lors de ce test concernait le prix des couches pour bébé.
La plus forte baisse portait sur des yaourts.
Papier toilette ou baguette de pain, certains tarifs restaient stables.
A noter, par contre, des prix surprenants sur des produits exonérés. Comme le riz qui reste équivalent dans une grande surface, et grimpe de 47 % dans une autre.
Entre les rayons, le reportage de Brigitte Whaap et Claude Lindor (5 octobre).
2. Des débuts confus
Dans le paysage commercial, le premier jour de TGC à taux plein(s) s'est traduit par de nombreux volets roulants baissés pour cause d'étiquettage en cours: il fallait afficher les prix reconstruits en désarmant les taxes supprimées et en incluant la nouvelle. Devant des enseignes nouméennes ouvertes comme fermées, Nadine Goapana et Enzo Corigliano ont recueilli les premières réactions de consommateurs (1er octobre).A la sortie d'un hyper de Dumbéa, Clarisse Watue a récolté auprès des clients des retours très divers (1er octobre).
3. Les commerçants courent après le temps
Annoncée pour le premier jour d'octobre, la révolution TGC se fait, de fait, petit à petit: beaucoup de commerçants et de prestataires de service n'étaient pas prêts à afficher tous leurs nouveaux tarifs, ni à faire paraître les taux sur les tickets de caisse. "On a presque 40 000 produits", plaide l'une des responsables du groupe gérant trois comptoirs à Lifou. «On ne peut pas faire du jour au lendemain 40 000 produits. Il faut nous laisser le temps.»Le reportage télé de Philippe Kuntzmann en pays drehu (1er octobre).
Et le reportage radio de Marguerite Poigoune sur la côte Est (2 octobre).
4. L'UFC inquiète
Au soir de ce grand saut, la vice-présidente de l'UFC-Que choisir en Calédonie s'étonne, sur le plateau de notre JT. «Normalement, argumente Françoise Kerjouan, il y avait suffisamment de temps, avec la marche à blanc, avec les formations qui ont été données par les chambres consulaires, et les informations qui ont circulé, pour que les professionnels soient au taquet et prêts pour aujourd'hui. Et en fait, ils ne le sont pas. En tout cas, certains d'entre eux ne le sont pas.»Son entretien avec Alexandre Rosada (1er octobre).
La représentante des consommateurs estime que cette impréparation d'une partie des professionnels est inquiétante, et décrit ce que nombre de Calédoniens redoutent: «La crainte, c'est qu'ils prennent les prix d'hier et qu'ils rajoutent la TGC sur ces prix. Par peur, par ignorance ou de façon parfaitement consciente, nous avons très peur que certains soient opportunistes et profitent de cette mise en place de la TGC pour pratiquer des prix plus élevés.»
5. Coup de tabac sur les cigarettes
Il y aurait, selon les services sociaux, 70 000 fumeurs majeurs en Calédonie. La TGC qui taxe à 22% le tabac et les cigarettes fait flamber les prix des paquets, les classiques tournent désormais autour de 2000F. De quoi faire un peu plus penser à arrêter, ou à passer au vapotage.Le reportage d'Olivier Jonemann et Nicolas Fasquel (1er octobre).
6. Ça ne roule pas, pour le secteur auto
Parmi les effets collatéraux de la TGC, la fermeture d'entreprises du secteur automobile à partir de lundi dernier, en guise de protestation: vendeurs de pièces de rechange, spécialistes du pneu, garages... Ils dénoncent l'encadrement des marges tel que décidé par le gouvernement sur les pièces détachées, en accompagnement de la nouvelle taxe.Les reportages de Brigitte Whaap et Claude Lindor, diffusés le 2 octobre...
... et le 4 octobre, avec les garagistes qui s'inquiètent de ne plus bénéficier d'une remise des professionnels.
Dans ce bras de fer autour du prix des pièces auto, le gouvernement pourrait lâcher du lest dès la réunion collégiale de ce mardi, en acceptant une augmentation du taux horaire. C'est à dire du coût de la main d'oeuvre, pour compenser l'encadrement des marges.
7. Les livres bientôt délivrés?
Le prix des livres, jusque-là exonéré de toute taxe, est soumis à la TGC de 3% qui s'applique aux produits culturels. Au grand dam des différents acteurs d'une filière déjà fragilisée. Face à la levée de boucliers, demi-tour du gouvernement:un projet de loi du pays devrait être soumis au Congrès dans les prochaines semaines. Il s'agit d'exonérer les livres de la TGC aussi, avec une application rétroactive au 1er octobre.Le reportage de Sheïma Riahi, Nicolas Fasquel et Michel Bouilliez (3 octobre).
8. A l'antenne en fin de semaine
Le gouvernement sera resté très discret sur le sujet tout au long de cette première semaine. Dimanche soir, c'est Philippe Gomès qui défend et relativise le démarrage de la nouvelle fiscalité indirecte. «Il faut que cette réforme prenne le temps d'atterrir», formule le député Calédonie Ensemble durant notre émission Politique Direct(e).Et c'est en brandissant des courses qu'il martèle la certitude d'une diminution des prix: «Cette réforme, elle aboutira de manière certaine - le temps qu'elle s'installe c'est-à-dire quelques semaines, au grand maximum d'ici la fin de l'année - à une baisse des prix dans l'alimentaire de 10%, à une baisse des prix dans l'hygiène et l'entretien de 15%, et dans les pièces détachées, à une baisse de 10 à 15%. Pourquoi? Parce que les prix sont réglementés. Au bout du compte, une fois qu'ils auront été contrôlés, ils seront ceux que je viens de vous dire.»
9. Le lundi suivant, vu côté clients
Alors que la deuxième semaine sous le régime de la TGC a commencé, la représentante de l'UFC-Que choisir a elle aussi appelé à «attendre un petit peu de temps». «Pas mal de rayons sont vides, les stocks n'ont pas encore été acheminés vers les distributeurs, les prix ne sont pas forcément affichés, a énuméré Françoise Kerjouan: on est encore dans une période de mise en place.» Et d'ajouter à propos d'une grande surface fréquentée ce week-end: «j'ai constaté des prix à la baisse, des prix à la hausse... C'est un petit peu la valse des étiquettes.»Extrait de notre matinale radio avec Charlotte Mestre (8 octobre).
10. Quelques conseils
L'antenne de l'UFC donne au passage des conseils aux consommateurs qui lui font remonter des pratiques et prix suspects, dans des courriels par exemple: joindre des preuves, notamment les tickets de caisse, les noms de magasins, les dates exactes de passage...Autres conseils pour vivre la TGC dans la plus grande transparence possible:
- payer ce qui est affiché, en n'acceptant plus que la taxe soit ajoutée en caisse;
- demander une facture avec un prix hors taxe, pour bien voir la part de TGC;
- si le taux n'apparaît pas sur le ticket produit par produit, l'association suggère carrément de les payer un par un, pour bien faire ressortir le pourcentage qui est appliqué à l'unité.
Quelques adresses pour s'y retrouver
• Le site officiel consacré à la réforme
www.tgc.nc
• Les numéros verts mis en place par la Nouvelle-Calédonie
Le 05 67 89, du lundi au vendredi, de 8 heures à 17 heures, pour toute question sur la réglementation des prix en lien avec la TGC;
Le 05 01 45, du lundi au vendredi, de 7h30 à 11h30 et de 12h15 à 16 heures, pour toute question fiscale sur la TGC.
• Notre dossier explicatif de la TGC
«La Nouvelle-Calédonie fait sa révolution fiscale»
• L'Observatoire des prix
• L'Autorité de la concurrence
• L'antenne calédonienne de l'UFC-Que choisir