"Fière", "triste", "pas une surprise", "sanctionnée" : réactions politiques après la démission de Sonia Backès

Début septembre, Sonia Backès et les loyalistes lors de leur arrivée à Matignon.
C’est l’information politique du jour, en Nouvelle-Calédonie, et elle est tombée la nuit dernière. La présidente de la province Sud, cheffe de file des Loyalistes, a dû renoncer à son secrétariat d’Etat à la Citoyenneté au sein du gouvernement Borne II, après avoir été battue dimanche aux sénatoriales. Tour d’horizon des réactions politiques.

Partira, partira pas ? La réponse à la question est tombée, pour la Calédonie, en pleine nuit de mercredi à jeudi. Trois jours après la défaite aux sénatoriales, fin du suspense. Nommée il y a près de quinze mois dans le second gouvernement Borne, Sonia Backès n'est plus secrétaire d'Etat à la Citoyenneté. Elle n'avait plus vraiment le choix, sa lettre de démission a été déposée. Pourtant, le gouvernement central aura tenté de jouer la montre, sur cette annonce.

Petite chronologie avec Valérie Filin et Serge Massau.

©nouvellecaledonie

Les réactions politiques se sont succédées depuis. NC la 1ère en fait le tour, de Paris à Nouméa.

Emmanuel Macron "renouvelle sa confiance"  

"Le président de la République a accepté la démission de Sonia Backès, secrétaire d'Etat chargée de la Citoyenneté, conformément à la règle républicaine." Communiqué diffusé par l'Elysée, mercredi 27 mars, heure de Paris. Emmanuel Macron, dit-il, "l'a remerciée pour la qualité de son action au sein du gouvernement contre les séparatismes, contre les dérives sectaires et pour l'amélioration de l'intégration des étrangers." En assurant : "Le chef de l'Etat renouvelle toute sa confiance pour l'action qu'elle mène au sein de la majorité et se réjouit de son réinvestissement dans le dossier calédonien, dans la continuité de la feuille de route fixée le 8 septembre dernier avec le ministre de l'Intérieur et des Outre-mer."

Sonia Backès : “Je reviens à 100% à mes fonctions” à la province Sud

“Conformément à mon engagement de campagne, j’ai remis aujourd’hui ma démission au président de la République.” Sonia Backès elle-même commente, sur les réseaux sociaux, le renoncement à sa fonction nationale. Sur un post Facebook, l’ex-secrétaire d’Etat se dit “très fière d’être la première Calédonienne à servir la France dans le gouvernement de la République pendant plus d’un an”.

“Je reviens désormais à 100% à mes fonctions au service des habitants de la province Sud, et plus largement au service des Calédoniens, écrit-elle. Je mettrai tout ce que cette expérience m’a appris des institutions de la République au service de l’ancrage définitif de la Nouvelle-Calédonie dans la France.”

Elisabeth Borne : "Sa mobilisation a été constante"

La Première ministre réagit à cette publication. "Je remercie chaleureusement Sonia Backès pour son engagement et son travail, dit Elisabeth Borne sur son compte. Sa mobilisation, notamment dans la lutte contre les dérives sectaires, a été constante. Je suis fière de l’avoir comptée parmi les membres de mon gouvernement."

Gérald Darmanin : "Ce n’est qu’un au revoir"

Son ancien ministre de tutelle y va aussi d'une réaction. "Je veux remercier très sincèrement mon amie Sonia Backès pour son travail, son courage et son implication au ministère auprès de moi", lit-on dans un post sur X (ex-Twitter). Elle a fait honneur à sa fonction, luttant particulièrement contre les dérives sectaires et aidant ainsi de nombreux Francais. Ce n’est qu’un au revoir, j’en suis sûr."

Sébastien Lecornu : "Elle incarne l’engagement pour la Calédonie au cœur de la France"

"Je salue la décision de Sonia Backès", publie Sébastien Lecornu, ministre des Armées, auparavant en charge des Outre-mer. "Cohérence et loyauté. Femme politique de combats, élue de terrain, unique ministre calédonien de notre histoire, elle incarne l’engagement pour la Nouvelle-Caledonie au cœur de la France."

Gil Brial : “On est moins forts, mais toujours déterminés”

"Elle a dit que si elle était battue, elle démissionnerait", déclare Gil Brial, joint par Malia Noukouan pour NC la 1ère. "Mais c’est forcément une déception parce que ça ne sanctionne pas une politique des Loyalistes", estime le porte-parole du groupe, suppléant de Sonia Backès pour le scrutin au Sénat. "Encore une fois, on perd cette élection sénatoriale parce qu’il y avait un accord politique entre deux candidats qui n’avaient aucune chance de gagner s’ils ne s’aidaient pas (…) Je suis triste pour elle, mais je suis surtout triste pour la Nouvelle-Calédonie. C’est un gros travail qu’on fait depuis des mois pour amener une sortie positive qui corresponde à ce que les Calédoniens ont voté, trois fois Non à l’indépendance. Certes, on est moins forts, avec le retrait de Sonia de Paris, mais on est toujours aussi déterminés."

Laurie Humuni : "Aujourd'hui, c'est le changement"

“Ce n’est pas une surprise", pose Laurie Humuni pour le FLNKS, au micro de Dave Waheo-Hnasson et David Sigal. "A partir du moment où des membres du gouvernement perdent aux élections, qu’elles soient sénatoriales ou législatives, ils doivent poser leur démission. Peut-être que pour certains, ce sera un désaveu."

L'élue nouméenne, pour sa part, s'attarde sur le résultat des urnes. "C'est une victoire, surtout. Pour le FLNKS, pour les indépendantistes, qui arrivent à porter un indépendantiste pour la première fois le jour des cent-soixante-dix ans de prise de possession. Une victoire pour l'ensemble de la population calédonienne. Aujourd'hui, c'est le changement mais aussi la légitimité de porter deux tendances qui existent dans ce pays à la plus haute instance française."

Générations NC : "Sonia Backès ne pourra plus être notre porte-parole au sein de l'État"

Le parti présidé par Nicolas Metzdorf analyse lui aussi le résultat de ce vote. Dans un communiqué diffusé jeudi, Générations NC refait les calculs et commence par asséner : "Georges Naturel a formé une alliance avec les indépendantistes. Il n'y a aucun doute à ce sujet. Le vote massif des électeurs indépendantistes au premier tour sur sa candidature a bien trouvé son 'retour de coutume' au deuxième tour (…) La conséquence directe de cette élection est que Sonia Backès a démissionné du gouvernement et ne pourra donc plus être notre porte-parole au sein même de l'État. La deuxième conséquence directe est que la voix de l'UC et de Kanaky sera maintenant défendue au sein du Sénat par Robert Xowie.”

Virginie Ruffenach : "Les indépendantistes ont obtenu sa tête"

"Les indépendantistes voulaient la tête de Sonia Backès", pointe Virginie Ruffenach, présidente du groupe Rassemblement au Congrès, au micro de Dave Waheo-Hnasson et David Sigal. "Parce qu'on peut [lui] reprocher ce qu'on veut, mais on sait qu'elle défend bec et ongles la Calédonie française. Et qu'ils ont obtenu sa tête avec l'aide et la complicité de certains non indépendantistes."

Philippe Michel : "Qu'elle tire les conséquences au plan local"

"Sonia Backès, comme tous les ministres précédents dans la même situation avant elle, a simplement tiré les conséquences de son échec au plan national", observe le président du groupe Calédonie Ensemble au Congrès, à la même équipe de journalistes." Ce que j'attends, glisse Philippe Michel, c'est qu'elle tire les conséquences au plan local. Les grands électeurs ont sanctionné dimanche un comportement personnel, d'abord, et surtout une ligne politique extrêmement clivante, extrêmement radicale. J'espère que le message sera entendu et que les Loyalistes modifieront quelque peu leur ligne politique parce que je rappelle qu'on a un enjeu d'avenir capital à gérer."

L'Unadfi salue "ses qualités d’humanité et d’empathie"

Il n'y a pas que des réactions chez les politiques, à la démission de Sonia Backès. Elles émanent aussi de particuliers, ou d'organismes comme l'Unadfi. "L'Union nationale des associations de défense des familles et de l'individu victimes de sectes" exprime sur X "une grande tristesse et une grande déception" : "Dès le début de son mandat, elle n’a eu de cesse de nous montrer son implication et sa motivation sur le sujet des sectes. Ses qualités d’humanité et d’empathie à l’égard des victimes laisseront une trace mémorable dans le combat qui est le nôtre."