Soutenus par Erin Brockovich, des Australiens attaquent leur gouvernement

En 1993, la militante américaine avait gagné dans une affaire de pollution de l'eau potable en Californie.
La célèbre militante écologiste vient apporter son aide à des dizaines de milliers d'Australiens qui accusent Canberra d’avoir laissé « ruisseler » des substances chimiques dans l’eau de plusieurs Etat et qui pourraient être responsables de cancers. 
On se souvient de Julia Roberts, campant dans le film Erin Brokovich le rôle de cette mère célibataire qui avait révélé au grand jour une affaire d’empoisonnement de l’eau par une usine, dans une petite ville californienne.
Cette fois, c’est en Australie que l’écologiste américaine mène son nouveau combat. La célèbre militante vient apporter son soutien à des dizaines de milliers d’Australiens qui comptent attaquer leur gouvernement en raison de la pollution des terres où ils habitent, ont annoncé mardi les avocats des plaignants.
 

La plus vaste « class action » de l’histoire du pays

En cause : l’utilisation, sur des bases militaires et des casernes de pompiers, de substances perfluoroalkylées et polyfluoroalkylées (PFAS), soupçonnées de favoriser l'apparition de cancers. Présentes notamment dans la composition des mousses anti-incendie, ces substances ont été au contact des sols de plusieurs zones du pays entre les années 1970 et 2000.
Le cabinet Shine Lawyers a annoncé qu'il déposerait une plainte groupée (class action) pour le compte de personnes vivant à proximité de huit sites dépendant du ministère de la Défense et situés dans différents Etats australiens.
La chaîne publique ABC présente cette plainte comme la plus vaste « class action » jamais lancée en Australie. 
 

Des habitants en détresse

Joshua Aylward, l’un des avocats défendant les plaignants, a indiqué que des PFAS avaient « ruisselé dans l’environnement » dans de nombreuses localités australiennes. « J'ai passé beaucoup de temps avec des gens en détresse parce qu'ils se sont rendus compte que leur eau était contaminée et qu'ils la buvaient depuis des années », a-t-il dit.
« Des habitants apprennent que leurs enfants présentent des niveaux (de PFAS) exceptionnellement élevés dans leur corps et sont vraiment inquiets. »
Jusqu'à 40 000 personnes qui ont vécu ou travaillé sur des zones contaminées aux PFAS pourraient prétendre à des dédommagements, si la class action réussit, selon les avocats.
 

« Aucune preuve » de danger pour le ministère de la santé

Erin Brockovich a rencontré plusieurs plaignants la semaine dernière dans l'Etat d’Australie-Occidentale. Il y a une vingtaine d’années, son combat judiciaire contre une compagnie d'électricité accusée d'avoir empoisonné l'eau d'un village s’était révélé victorieux. « Les recherches sur ces produits chimiques existent : ils peuvent provoquer des cancers, a-t-elle indiqué à ABC. Cela devrait tous nous inquiéter. »
L'impact sur l'homme des PFAS fait débat. L'Agence américaine de protection de l'environnement les considère comme « possiblement cancérigènes » mais le ministère australien de la Santé estime qu'il n'existe « aucune preuve concluante » d'un lien avec le développement de cancers.
Le cabinet Shine Lawyers avance cependant que les habitants n'avaient pas pu quitter les environs des bases contaminées car la valeur de leurs propriétés s'était effondrée du fait de cette pollution.