Le suicide : comprendre et prévenir

Le nombre de décès par suicide est de 15 pour 100 000 habitants en Nouvelle-Calédonie. C’est plus qu'en France. Etat des lieux à l’occasion de la journée mondiale de la prévention du suicide.
En 2013, Nathalie Vagner a perdu sa fille de 19 ans. Celle-ci s’est pendue au domicile familial, les raisons restent indéterminées. 
« Comme pour beaucoup de suicides, c’était quelque chose qui n’était pas prévisible. C’est vrai qu’elle avait fait plusieurs tentatives auparavant, mais je pensais qu’elle en était sortie, donc j’avais baissé ma garde. Le matin, elle riait, elle était en pleine forme, et le soir, voilà… Elle s’est pendue dans sa chambre et elle a mis fin à ses jours cette fois »  explique cette mère. « On est impuissant, on ne peut rien faire, on ne voit rien venir. Le moment de la crise suicidaire, à un moment de la journée, en quelques minutes c’est décidé et suivant l’action du suicide, c’est définitif. »
 

Une enquête sur les comportements suicidaires

En 2014, une enquête sur les comportements suicidaires en Nouvelle-Calédonie a été lancée par le gouvernement, en collaboration avec le centre hospitalier spécialisé Albert Bousquet, un laboratoire australien, et l’organisation mondiale de la santé, l’OMS. Les travaux de cette étude seront rendus publics très prochainement et doivent aider à mieux comprendre les causes de la mortalité par suicide dans le pays. Sur le territoire, le suicide est la deuxième cause de mortalité chez les 15/24 ans, derrière les accidents de la route.
 

Des spécificités dans le Pacifique

Une spécificité insulaire est évoquée dans le Pacifique. La région du Pacifique occidental concentrerait à elle seule presque un quart des suicides dans le monde. «  On peut incriminer entre guillemets le mode de vie occidental, mais ce n’est peut-être pas si simple. C’est plus le changement, c’est à dire le détachement par rapport à des repères culturels, habituels. En cas de détresse, on va voir quelqu’un et ce quelqu’un n’est plus disponible si notre mode de vie change, si on migre vers la ville, on est éloigné de nos structures religieuses, familiales, traditionnelles, donc le recours aux aides est plus compliqué » explique le Dr Benjamin Goodfellow, psychiatre au CHS Albert Bousquet.
 

L’alcool et les stupéfiants en facteurs aggravants

On compte en moyenne chaque année quarante décès par suicide en Nouvelle-Calédonie, des hommes en majorité, dans la tranche d’âge des 25-44 ans avec une proportion importante de jeunes gens. La pendaison et l’utilisation des armes à feu sont des méthodes très utilisées. Le constat est clair : la consommation d’alcool et de stupéfiants aggrave la détresse des personnes. 
« Quand on a une rupture amoureuse ou quand on perd son emploi et qu’on se met à boire ou à prendre des substances de façon excessive et pas appropriée, çà aggrave le problème. Si on a une dépression et qu’on ne la soigne pas, çà va aggraver le problème » confirme le Dr Goodfellow. «  Si on corrige un peu ces choses là, si on aide les gens à trouver des solutions concrètes à ces difficultés là qui sont de l’ordre de la santé, alors il sera peut-être plus facile de surmonter une rupture, de surmonter et de trouver des solutions pour se réorienter professionnellement si on perd son boulot.. »
 

« Garder de l’espoir de toute façon »

Réapprendre à vivre après le suicide de sa fille, c’est le combat de Nathalie Vagner. Cinq ans et demi après le drame, cette Calédonienne parle de résilience. « On peut facilement se laisser aller à vouloir soi-même en finir, mais la vie retrouvera son chemin donc il faut garder de l’espoir de toute façon. Et on retrouve la joie d’être avec les autres, la joie d’être en famille. Des fois on aura besoin d‘être seule, et des fois on a besoin d’être entourée, d’avoir de l’amour parce que l’amour et le temps, c’est tout ce qui guérit ». 
Pour s’en sortir, des solutions existent, et des outils de prévention du suicide sont à la disposition des Calédoniens. 
Le reportage de Natacha Cognard et Cédric Michaut 
©nouvellecaledonie

 

Une oreille attentive en cas de crise suicidaire

Ecouter et apporter une réponse, c'est le travail porté par les 13 écoutants de l'agence SOS écoute. Depuis 2012 sur le territoire, l'antenne reçoit entre 4700 et 5000 appels par an. Détresse psychologique ou encore crises suicidaires, les domaines d'intervention des professionnels sont divers. 
En cette journée mondiale de prévention du suicide, Alix Madec s'est intéressée au travail porté par les spécialistes de l’antenne de SOS écoute.

SOS écoute enrobé

Au bout du fil de SOS Ecoute.

Un numéro unique et gratuit peut être contacté de 9 h à 1 h du matin, il s’agit du 05 30 30. Les répondants sont formés à écouter explique Claude Cousin, coordinatrice de la plateforme SOS écoute Nouvelle-Calédonie, au micro d’Alix Madec.

SOS écoute itw Cousin

 

L’invitée de la matinale 

Suzanne Devlin, la coordinatrice du réseau territorial de la santé mentale auprès de la DASS était l’invitée de la matinale ce mardi avec Charlotte Mestre