La catastrophe est survenue le 26 avril 1986. Des scientifiques ukrainiens ont rappelé que le site n’était pas totalement sûr. Ils ont découvert, révèle le magazine Science du 5 mai dernier, que des réactions nucléaires se produisent toujours sous les décombres de la centrale dévastée.
Le magma de graphite, d’uranium et de produits en fission a d’abord été confiné dans un premier sarcophage de béton et de plomb. En 2016, la gangue de béton a été doublée par "l’arche de Tchernobyl". Cette titanesque charpente métallique est en acier inoxydable à haute teneur en nickel. Elle confine les matières hautement radioactives du chaudron diabolique.
L’arche en acier inoxydable qui isole le réacteur accidenté et radioactif de la centrale de Tchernobyl contient plus de 3000 tonnes de nickel. Pour avoir le meilleur acier, il fallait le meilleur alliage : il venait de Nouvelle-Calédonie, produit par la SLN.
Confiner la radioactivité de Tchernobyl : le défi hors norme a été financé par l’Union européenne pour près de 2 milliards d'euros. Des aciers hautement résistant composés d’un alliage de nickel et de fer assurent depuis 2016 la composition de l’ensemble.
Le chantier a duré cinq ans. Entre 2011 et 2016, plus de 300 conteneurs de ferronickel sont commandés par l’aciériste Aperam à la société Le Nickel, filiale du groupe Eramet en Nouvelle-Calédonie. L’alliage de ferronickel SLN 25 a été choisi pour composer l’acier inoxydable de la série 304 qui recouvre l’intérieur de l’arche et sert de premier rempart à la radioactivité. D’autres inox seront produits en Turquie.
La structure métallique en forme d’arche mesure 108 mètres de haut et 162 mètres de large pour une portée de 257 mètres. La charpente a été assemblée en Italie. L’ensemble de l’opération a été réalisé par le consortium français Novarka regroupant Bouygues et Vinci.
La qualité de l'acier utilisé a fait appel au savoir-faire du sidérurgiste franco-belge Aperam, la SLN a contribué à l’optimisation du métal inoxydable par la maitrise analytique de son alliage.
"Les métallurgistes de Doniambo sont les seuls au monde à pouvoir garantir du ferronickel à analyse connue. C’est une qualité essentielle. S’il n’y a pas eu de dérive analytique pendant la coulée d’acier, c’est grâce au bon produit calédonien qui est ajouté pendant l’opération" a précisé Hervé Thoraval, expert du nickel. Et l’acier constitue la cuirasse du dispositif de confinement du réacteur numéro 4 de la centrale de Tchernobyl.
Pour le Nickel Institute à Brusxelles, "le nickel utilisé optimise la résistance de l’acier inoxydable et lui permet de résister aux aléas climatiques, de plus ses qualités mécaniques et physiques assurent une barrière impénétrable à la radioactivité". Souhaitons-le…
Après l’explosion, survenue il y a trente-cinq ans, des fragments d’uranium sont restés dans les ruines du réacteur n°4. Récemment, ils ont recommencé à s’embraser, pouvant potentiellement provoquer une fission nucléaire. Une inquiétude teintée de mystère concerne un endroit inaccessible, dénommé 305/2.
"C’est comme la braise d’un barbecue (…) Il reste beaucoup d’incertitudes, mais nous ne pouvons pas écarter la possibilité d’un accident", a expliqué Maxim Saveliev de l’Académie des sciences ukrainienne, en réponse à une question du magazine Science. La crainte désormais est que "la réaction de fission augmente de façon exponentielle", et qu’elle ne mène à une émission incontrôlée de radiations.
Une nouvelle explosion ne mènerait pas forcément à une répétition de celle de 1986, mais elle pourrait contaminer l’arche actuelle, fragilisant le site pour les décennies à venir. Ces réactions de fission incontrôlées ne sont pas inédites, mais elles inquiètent les scientifiques depuis le drame de 1986.