La journée mondiale du rein est célébrée ce jeudi 12 mai pour la première fois dans le Nord, à Koné. Au programme, information, dépistages gratuits, témoignages et conseils à la salle Au Pitiri. Le mot d’ordre de la journée cette année est "combler le manque de connaissances pour améliorer les soins rénaux".
Un manque de connaissances qui a bien failli coûter très cher à Sylvianne Soueté. Témoignage.
Une découverte tardive et un déni
Noël 2014. Sylvianne Soueté est en pleine forme. Mais ses pieds se mettent à gonfler matin et soir. Finalement, c’est une migraine atroce qui va tout déclencher.
Médecin, analyses, néphrologue, et verdict : une maladie auto-immune attaque ses reins.
" Au vu des résultats, il m’a dit qu’il me restait 25 % de mes deux reins" confie Sylvianne.
Pendant deux ans, elle fait la sourde oreille. La vie continue jusqu’aux vacances en Métropole. Son corps lâche. Direction les urgences de Valence.
" Je n’étais pas du tout d’accord. Je restais sur ma position, et c’est le médecin-chef ce jour-là qui était de permanence et qui m’a dit : non, je vous dialyse à l’instant".
La prise de conscience
Cette nuit baignée de larmes, inondée de pourquoi, finit par un espoir tenace. La combattante se réveille.
" Il fallait que j’aie du courage parce que je vais être rétablie dans mon corps exactement. Et quand j’ai eu cette pensée, c’était accompagné d’une paix. Et cette paix m’a fait voir les choses autrement et je me suis dit qu’il y a de l’espoir, quel que soit le temps qu’il faudra attendre, mais je sais qu’au bout de ce chemin, il y a l’espérance, il y a la guérison".
Le centre d’hémodialyse de Bourail la prend sous son aile pendant près de deux ans. Sylvianne est sereine, elle sent qu’il va se passer quelque chose.
Le cadeau de sa soeur
Son instinct voit juste. L’une de ses sœurs apprend son secret, jusqu’alors bien gardé, et commence des tests : compatibilité à près de 100 %, comme des jumelles.
Le 05 Mars 2019, les deux sœurs sont opérées simultanément dans un hôpital de Sydney. C’est une réussite totale.
Quatre mois plus tard, la combattante remonte les marches de son lieu de travail à la mairie de Bourail. Seule différence invisible, elle a maintenant trois reins.
Nouvelle vie, nouvelle humeur. Plus de dialyse trois fois par semaine, juste un traitement anti-rejet.
"Quand j’apprécie ces moments-là, je sais que c’est par rapport à ce nouveau rein. C’était un cadeau. Un beau cadeau de la part de ma soeur".
A 54 ans Sylvianne Soueté n’a rien oublié, mais la vie a repris son cours. Une deuxième vie encore plus savoureuse entourée de son mari, ses cinq enfants et ses petits-enfants.
Le reportage de Karine Arroyo et Cédric Michaut