Il est passé d’un petit tournoi local à la salle omnisport du Vallon-Dore le week-end dernier, à un match officiel au meilleur niveau mondial, cette semaine à Singapour, devant des caméras diffusant en direct les rencontres. Ascenseur émotionnel pour le pongiste Jérémy Dey, chef de file de la sélection calédonienne et actuel 119e mondial. Au 1er tour du World Smash de Singapour mardi, le Cagou s’est retrouvé face à Tom Jarvis, un adversaire de 23 ans, 121e mondial, et membre de l’équipe nationale d’Angleterre.
"J'étais un peu nerveux d'ouvrir la compétition, devant une foule d'athlètes de gros calibre, et j'ai eu du mal à être pertinent dans le premier set. Je sors tout de même satisfait car je ne me suis pas senti totalement impuissant face à lui", confie Jérémy, battu 3 sets 0 (11-2, 11-6, 11-5). Parti seul à Singapour, le Calédonien a trouvé un soutien sur place. Il a pu échanger avec un autre compétiteur, le Néo-zélandais Alfred De la Pena, qu’il fréquente lors des tournois en Océanie et avec qui il s’est entraîné pour préparer le plus grand rendez-vous de sa carrière. Alfred l’a également conseillé durant son match.
"Je sentais que chaque point était à ma portée"
Si le tournoi s’est rapidement arrêté, le licencié de l’Olympique ne garde aucun regret sur sa prestation : "tout se jouait dans les services, remises de service et la troisième balle. Je sentais que chaque point était à ma portée, et qu'il me manque d'avoir des entraînements où je reçois des balles de cette qualité de manière plus régulière, être plus constant techniquement, et physiquement plus solide également."
L’extraordinaire aventure se poursuit pour Jérémy. Il a notamment pu rencontrer le staff et les joueurs de l’équipe de France ! "Je discute avec eux un peu tous les jours, sans trop les embêter. Jérôme Morisseau, qui est revenu en Nouvelle-Calédonie, m'a mis en contact avec un ami à lui qui les entraîne. J’ai pu parler et jouer avec eux. Hier soir, c’était quelques sets avec Félix Lebrun, une étoile montante de 17 ans qui vient de passer dans le top 50 mondial après sa demi-finale dans un tournoi la semaine dernière".
"Mon niveau augmente tout seul, juste en regardant"
Chaque rencontre est l’occasion de grappiller quelques conseils auprès des meilleurs pongistes, de repérer des stratégies, des techniques.
"Le ressenti général, c'est que c’est fou, ça inspire, ça fait grandir rien que de se trouver à côté de gens jouant à un tel niveau. Mon niveau augmente tout seul, juste en regardant et en étant présent. C'est bizarre à dire, mais c'est une réalité, explique-t-il. J'ai regardé presque tous les matchs de la compétition, quand je n'étais pas avec l’équipe de France ou en train d'espionner les entraînements des joueurs ! Avec les Bleus, on discute de nos vies, de l'événement, des entraînements, on parle de fréquence, d’intensité. Ils sont curieux de la vie en Nouvelle-Calédonie, moi de leur vie dans le sport et de leur préparation physique. À la table, j'écoute aussi les conseils tactiques et techniques qu'ils se disent."
Une chance unique. "De côtoyer les meilleurs mondiaux du sport que je pratique depuis que je suis en 5ème. En tant que Calédonien, ça me paraissait tout simplement impossible que ça se produise avec le format équipe de France. C'est un rêve de gamin, un rêve éveillé".