Tensions commerciales : la Chine ferme ses portes à l’orge australienne

Culture intensive de l'orge en Australie
L'Australie, "déçue" par la décision de la Chine de prélever des droits de douane punitifs sur son orge, a déclaré mardi envisager de porter ce différend devant l'Organisation mondiale du commerce dans un contexte de tensions politiques entre les deux pays.
L'administration australienne a cependant minimisé les risques d'une guerre commerciale, Canberra affirmant ne pas vouloir répliquer par une réponse de type "un prêté pour un rendu" avec la Chine, son principal partenaire commercial.
 

Etat de fait

Pékin a annoncé lundi des droits de douane de 80,5% sur l'orge australienne utilisée dans l’alimentation animale et pour la fabrication du malt dans l’industrie de la bière après avoir constaté que les subventions et le dumping australiens ont "porté un coup considérable au secteur national".

"Dire que je suis déçu est un euphémisme", a déclaré mardi le ministre australien de l'Agriculture David Littleproud. "Nous rejetons catégoriquement le postulat que l'orge cultivée en Australie est subventionnée de quelque manière que ce soit".

"Nous allons désormais travailler avec les autorités chinoises, calmement et méthodiquement, et nous nous réservons le droit d'aller devant l'Organisation mondiale du commerce pour qu'un arbitre indépendant tranche cette question", a poursuivi M. Littleproud.
 

La Chine pèse lourd

La Chine achète plus de 50% des exportations d'orge australien: 2,5 millions de tonnes l'an dernier, loin devant le Japon (800.000 tonnes). Une taxe "anti-dumping" de 73,6% et un droit "anti-subvention" de 6,9% entrer en vigueur mardi pour une durée de cinq ans, a indiqué le ministère chinois du Commerce.
Cette mesure intervient après la décision de Pékin de suspendre les importations de boeuf australien de quatre grands fournisseurs, dans un contexte de tensions avec Canberra, qui réclame l'ouverture d'une enquête sur la façon dont Pékin a géré la crise du nouveau coronavirus.
 

L'Australie relativise

M. Littleproud a cependant nié tout lien entre ces tensions et ces nouveaux tarifs, affirmant que ce n'est "pas une guerre commerciale". "Nous continuons à faire ouvertement du commerce avec un certain nombre d'autres produits de base, non seulement dans l'agriculture, mais aussi dans les minerais (charbon, cuivre et nickel ndlr) et les services. Cela ne changera pas", a-t-il soutenu.

Pékin dit avoir pris cette mesure à l'issue d'une enquête gouvernementale sur les importations de céréales en provenance d'Australie. Le ministre australien du Commerce Simon Birmingham a assuré qu'il n'y aurait pas de mesures de représailles. "Nous ne menons pas des politiques commerciales sur la base du principe un prêté pour un rendu. Nous continuerons à fonctionner comme nous l'avons toujours fait", a- t-il ajouté.